Acura TSX, Élitiste ? d'Accord ?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2004

Même si certains concessionnaires Acura ont la mémoire pleine de trous quand vient le moment de retracer les origines de la TSX, la direction de la marque, elle, ne prend aucun détour : « La TSX est une version " acurarisée " de la Honda Accord européenne. Ce lien de parenté, peut-on lire, se tient admirablement pour Acura, car l'Accord européenne est un véhicule hautes performances et haut de gamme qui se mesure directement aux marques de luxe allemandes. » À cela, il convient d'ajouter que la TSX accueille sous son capot un quatre cylindres de 2,4 litres délivrant plus de puissance (10 chevaux) que l'Accord européenne.

On peut comprendre que Honda n'ait pas voulu déplaire à la masse en concevant une l'Accord qui ne cherche pas à se démarquer par la hardiesse de son style. Mais pourquoi se sont-ils montrés aussi frileux au moment de donner formes et couleurs à la TSX ? Frileux, comme si les stylistes s'étaient imposé des limites à ne pas dépasser : une voiture sport, mais pas trop. Est-ce pour mieux correspondre aux goûts des Européens ? Il est permis d'en douter puisque de l'autre côté de l'Atlantique, on ne cesse de reprocher à l'Accord son style « passe-partout » et cette septième génération ne fait pas exception.

Quoi qu'il en soit, en Amérique du Nord, la TSX s'adresse majoritairement aux hommes d'environ 35 ans et, autre précision utile, les Audi A4 et BMW de Série 3 se trouvent dans sa mire. Et pour nous convaincre qu'elle constitue LE choix sensé et qu'elle mérite sa place dans notre entrée de garage, la TSX s'annonce à un prix extrêmement compétitif, considérant la richesse des accessoires (aucune option d'usine). Mais l'A4 et la Série 3 sont-elles vraiment de ses rivales ? Question impertinente, mais qui mérite d'être posée, puisque, à ce prix, certains consommateurs seront plutôt tentés de l'opposer à une Mazda6, voire à une Honda Accord qui proposent toutes deux des versions animées par un moteur six cylindres, plus noble aux yeux de certains. D'autres questionneront la volonté réelle d'Acura de se positionner comme une marque de prestige, alors qu'elle ne propose qu'une garantie équivalente à celle d'une marque « populaire », c'est-à-dire 3 ans ou 60 000 km. La direction d'Acura en est bien consciente et il ne serait pas étonnant qu'au moment où vous lirez ces lignes, la garantie de base ait été bonifiée.

Tout y est

Dès qu'on ouvre les portières, on ne peut faire autrement qu'éprouver des sentiments contradictoires. D'un côté, on apprécie immédiatement la qualité de fabrication irréprochable, le soin apporté aux détails. De l'autre, on se désole que les stylistes n'aient réalisé que du conventionnel, une fois de plus. Une fois cette déception chassée, on découvre une position de conduite irréprochable (la colonne de direction se déplace sur les deux axes), des baquets joliment dessinés et une instrumentation à la fois complète et facile à consulter.

Si les consommateurs à qui l'on destine la TSX n'ont pas d'enfants, je leur souhaite à tout le moins d'avoir des amis. Idéalement deux, pour jouir du confort de la banquette. Trois ? On joue du coude. Enfin, un petit mot avant de quitter la banquette, pour vous dire que le dossier de celle-ci se rabat de manière à accroître le volume du coffre. Incidemment, pour faire entrer dans celui-ci de lourds objets, il faut consentir un effort supplémentaire en raison de son seuil élevé. Pendant que nous y sommes (dans le coffre), soulignons que pour rabattre, en tout ou en partie, les dossiers de la banquette arrière, il faut attraper deux petites ganses jaunes au fond du coffre? Pas pratique ! Aussi, mieux vaut prévoir un déboursé additionnel pour le filet d'arrimage (une option offerte par le concessionnaire) pour bien maintenir vos sacs d'épicerie en place.

Haut dans les tours

Comme c'est souvent le cas chez Honda (pardon, Acura), la mécanique séduit par son brio et sa souplesse. Le quatre cylindres de 2,4 litres donne envie de faire grimper l'aiguille du compte-tours qui, elle, ne demande que cela. Tant mieux puisque sous les 3000 tr/min, ce moteur peine à se relancer, forÇant ainsi son pilote à rétrograder d'un rapport ou de deux pour maintenir le rythme.

Par chance, le levier de la transmission manuelle à six rapports se laisse guider avec beaucoup d'aisance, mais manifeste une certaine réticence en conduite sportive. La transmission semi-automatique n'est pas mal non plus et entretient aussi des rapports harmonieux avec le moteur. On regrette seulement que nos mains ne puissent demeurer en permanence au volant, les commandes n'ayant pas été dupliquées.

Sur le plan dynamique, la TSX se pète les bretelles, et avec raison : son châssis est habilement réglé. Sain, équilibré, prévisible : autant de qualificatifs qui collent au comportement routier de cette Acura. Si elle ne demande qu'à être emmenée à bonne allure, cette berline se garde bien de nous faire vivre pleinement les sensations qui vont avec. Mais peut-on véritablement dire qu'il s'agit là d'un défaut dans la mesure où la tendance actuelle dans ce segment est aux berlines plus bourgeoises, plus faciles à conduire ? Dans ce domaine, le dispositif de stabilité électronique (de série) fait de l'excellent travail et chaque intervention est effectuée avec souplesse et rapidité.

Une direction discrète

Pour plus d'émotions, il est toujours possible de mettre cet « ange gardien » hors d'usage en appuyant sur une touche au tableau de bord. Ce faisant, peut-être allez-vous réaliser que les pneumatiques manquent un peu de « velcro » pour accrocher la TSX au bitume dans les virages négociés rapidement. D'ailleurs, même si la direction permet de ciseler les virages avec précision, elle ne transmet cependant guère d'informations qui permettraient de bien sentir l'adhérence. En revanche, vous n'aurez aucun mal à vous rendre compte que la TSX vous invite parfois à vous y reprendre par deux fois pour la garer en raison de son diamètre de braquage plus grand que celui de plusieurs de ses concurrentes.

Le freinage, par ailleurs, ne s'est pas révélé être un point fort de la TSX au cours de cet essai. Bien qu'assuré par des disques, il manque de mordant et perd son efficacité lorsqu'il est fortement sollicité.

La nouvelle Acura TSX ne souffre d'aucun défaut majeur, mais manque de personnalité pour s'imposer dans un segment où le talent ne manque pas.

Marque de prestige de Honda, Acura manque encore à ce jour d'assurance et remplit avec plus ou moins de succès sa mission initiale, c'est-à-dire frayer avec l'élite automobile et susciter la convoitise des consommateurs désireux d'obtenir plus que « quatre roues et un volant ». Éric LeFranÇois

Contrepartie

Elle n'est pas parfaite, loin de là ! Sa silhouette ne fera jamais tourner les têtes, son habitacle est en demi-tons et certains iront même jusqu'à réclamer un moteur V6 pour la simple raison qu'il faut un moteur en V sous le capot. Mais la TSX possède un élément qui ne se retrouve certainement pas chez la plupart de ses concurrentes nippones : son agilité et son agrément de conduite sont dans une classe à part pour cette catégorie.

Même en conduite urbaine, c'est un plaisir que de se faufiler dans la circulation en abusant du levier de vitesses. La direction est rapide, les dimensions de cette berline permettent de se promener presque partout et ses freins ne m'ont pas semblé plus faibles que la moyenne. Bref, ce n'est pas parce qu'on roule en ville qu'on doit s'ennuyer.

Les qualités athlétiques de cette Acura se mettent davantage en évidence lorsqu'on emprunte des routes siliceuses. Dans le cadre de la présentation de la TSX, j'ai eu le plaisir de rouler sur le célèbre Mulholand Drive en banlieue de Los Angeles. Les enchaînements des virages m'ont permis de découvrir une voiture fort bien équilibrée qui exige du conducteur qu'il y mette du sien pour en tirer tout le plaisir. Il est vrai que le moteur doit recevoir l'assistance de la boîte manuelle et qu'on doit changer souvent de rapport pour qu'il s'exprime, mais c'est justement là l'agrément d'une berline sport. Par exemple, une BMW 320i est propulsée par un modeste moteur quatre cylindres de 168 chevaux et plusieurs vantent son comportement dynamique. La TSX figure dans cette classe. Il est vraiment agréable de désactiver le système de contrôle latéral et de se payer une petite dérobade des quatre roues tout en se sentant en plein contrôle.

Somme toute, la TSX et la BMW 320i partagent les mêmes gènes mécaniques. D'ailleurs, ces deux modèles sont vendus pratiquement au même prix. Les personnes qui apprécient les berlines agiles nécessitant que le conducteur s'implique pour en apprécier les qualités ne seront pas déÇues par le tempérament et le comportement de la TSX. Toutefois, il faut choisir la boîte manuelle à six rapports. La transmission manumatique vient gommer une partie des performances et de l'agrément de conduite. Rien n'est parfait ! Denis Duquet

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