Mercedes-Benz Classe C, le banquier se décontracte...

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

Les berlines frappées de l'étoile à trois branches m'ont toujours fait l'effet d'un banquier empesé, vêtu d'un costume trois pièces, le visage rond légèrement rougi par une cravate trop serrée, arborant une calme certitude que rien ne dérange. Une image savamment cultivée depuis des décennies par Mercedes-Benz. Mais depuis quelques années, la tempête fait rage à Stuttgart. On desserre la cravate. On se lance en Formule 1 et en CART. On élargit la gamme vers le bas. On achète américain. On veut faire jeune. On veut jouer dans toutes les plates-bandes. En somme, on veut séduire les enfants du banquier et même le petit cousin un peu fou qui ne rêve que de BMW M3?

C'est un peu l'histoire de cette Classe C, l'intermédiaire chez Mercedes-Benz, qui cherche à plaire à une clientèle plus jeune, plus éprise de performances, habituellement plus sensible aux charmes d'une BMW qu'à ceux d'une Mercedes. Une clientèle aisée, certes, mais pas nécessairement fortunée et qui pourra être séduite par une Mercedes à 40 000 $, surtout si elle promet un comportement relativement agile et un brin amusant sous une robe plus sensuelle.

Depuis son lancement en 2001, la Classe C semble avoir gagné son pari. Quelques jours au volant d'une berline C240 Classic nous ont permis de découvrir les atouts de cette voiture.

Qualité, oui, CD, non !

Si la ligne est moderne et élégante, l'appartenance à la famille Mercedes-Benz ne fait aucun doute. Généreusement vitrée, la Classe C offre à quatre adultes la possibilité de voyager dans un confort feutré. Tant à l'avant qu'à l'arrière, les sièges sont confortables et les dégagements sont adéquats pour les gens de taille moyenne. Pour les plus grands, l'arrière pourrait cependant poser des problèmes.

Notre C240 présentait des matériaux de bonne qualité et un assemblage rigoureux. Sur route, les bruits mécaniques et de vent sont très bien contrôlés et seuls les pneus produisent le tapotement caractéristique sur les déformations de la chaussée. Dommage que la radio ne présente qu'une sonorité moyenne. Je dis bien « radio » et non chaîne audio, car le lecteur CD n'est livrable qu'en option? une lacune inexplicable dans une voiture de cette classe.

Et puisqu'il est question d'options, précisons que leur liste est particulièrement étoffée, une pratique que les Allemands exploitent parfois à l'excès.

Confortablement calé dans le beau baquet revêtu de cuir (en option) et réglable dans tous les sens, le conducteur jouit d'une bonne position de conduite grâce au volant ajustable en hauteur et en profondeur. Dommage que le repose-pied soit placé trop loin et que le volant ne soit pas mieux galbé. Quatre séries de touches au volant permettent d'actionner la radio, le téléphone et le tableau d'affichage du bout des doigts. C'est relativement simple, mais donnez-vous quand même quelques jours pour tout maîtriser. Le sélecteur de la boîte automatique à 5 rapports permet de passer les rapports manuellement, mais le temps de réaction étant relativement long, on finit par ignorer cette fonction plus frustrante qu'utile. Notons au passage (excusez le jeu de mots) que la C240 est livrable de série avec une boîte manuelle à 6 vitesses. Pour les puristes.

Malgré la désignation 240, le moteur V6 affiche une cylindrée de 2,6 litres. Souple et silencieux, ce 18 soupapes s'acquitte bien de la tâche compte tenu des 1 525 kg à traîner, à condition que vous ne cherchiez pas des chronos pétillants (0 à 100 km/h en 9,6 secondes?). Les amateurs de performances devront opter pour le V6 de 3,2 litres ou le V6 à la sauce AMG. Quant aux reprises, grâce au couple généreux à mi-régime, elles sont franches et elles le seraient encore plus avec une boîte automatique plus vive. Pour freiner la machine, Mercedes compte, comme il se doit, sur quatre disques bien dimensionnés, doublés de l'ABS. Et pour compléter la sécurité active, la C240 impose l'antipatinage et l'antidérapage (déconnectable), question de maîtriser vos écarts de comportement? et de trajectoire. C'est ainsi que cette propulsion réussit à rivaliser avec les tractions et même certaines intégrales lorsque le ciel nous inonde de sa poudre blanche. Munie de quatre bons pneus d'hiver? en hiver, la C240 devient une bonne machine à rouler 12 mois par année. Et si vous deviez, sans le vouloir, rencontrer un jour un autre automobiliste ou le poteau téléphonique, sachez que les huit coussins de sécurité feront tout leur possible pour vous éviter le pire.

Car rouler est la vocation de cette voiture qui s'avère à l'aise et sécurisante à haute vitesse sur l'autoroute ainsi que sur les routes de campagne. La direction plutôt engourdie à vitesse modérée devient directe et précise à plus haute vitesse et les suspensions fermes mais confortables avalent avec compétence les ondulations de la chaussée sans ballotter en virage. Sur route sinueuse, la C240 devient franchement amusante à conduire et grâce à des pneus de largeur « raisonnable », la dérive se fait en souplesse et de faÇon prévisible (par opposition au décrochage brutal dont sont capables les gommes ultralarges).

Une bonne nouvelle pour les inconditionnels de l'intégrale : la version 4Matic figure au catalogue 2003, tant pour la berline que pour la familiale. Sachant le succès grandissant de ce type de transmission, Mercedes-Benz a pris la bonne décision de l'offrir dans la Classe C comme dans la Classe E. Avec trois types de carrosseries (coupé, berline, familiale), quatre moteurs (un 4 cylindres pour la C230 et trois V6 pour les 240, 320 et C32 AMG), deux boîtes de vitesses, la propulsion et l'intégrale, il commence à y avoir du monde en Classe C. Il suffirait d'ajouter un diesel ou deux pour faire salle comble.

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