Lincoln Aviator, deux partout

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

Avec l'arrivée de l'Aviator, la gamme Lincoln se résume à deux partout : deux berlines et deux véhicules utilitaires sport. C'est dire l'évolution du marché et la dangereuse tendance que ce constructeur a adoptée au cours des cinq dernières années. Au lieu de développer des berlines à l'égal de la concurrence, la direction a décidé de sabrer dans celles-ci et d'ajouter un autre VUS. C'était la solution facile pour contourner un problème cuisant qui viendra certainement hanter la division Lincoln plus tard.

Alors que celle-ci applique une rustine d'urgence pour se maintenir à flot, Lexus et Infiniti multiplient à la fois les berlines et les utilitaires sport. Donc, si l'engouement pour tout ce qui est véhicule tout-terrain se calme, ces marques auront quand même plusieurs berlines à proposer. Chez Lincoln, il y aura la rudimentaire Town Car surtout appréciée par les parcs de limousines et la LS qui privilégie le comportement routier au profit du luxe.

Mais en attendant cette catastrophe envisagée, voyons de quoi à l'air cette nouvelle création curieusement appelée Aviator, un nom qui ne fait pas l'unanimité. Chez Lincoln, les préposés aux relations publiques précisent que c'est pour rimer avec Navigator et pour associer le véhicule à l'aventure, au dépaysement et aux voyages au long cours. Mais vu la consommation très élevée de son moteur V8 de 4,6 litres de l'Aviator, on aura besoin de beaucoup de stations services dans la forêt? Mais nom « songé » ou pas, ce nouveau venu se décrit facilement comme étant une version de luxe du Ford Explorer sur le marché des États-Unis. Lincoln s'approvisionne donc en VUS chez Ford puisque le Navigator est dérivé pour sa part du Ford Expedition. Il faut toutefois souligner que les modifications apportées pour en faire un Lincoln ne se limitent pas nécessairement à une nouvelle grille de calandre et à un agencement intérieur plus luxueux.

L'Explorer est devenu un Lincoln de plusieurs faÇons. Premièrement, sa direction est vraiment digne de mention. De nos jours, vous pouvez conduire tous les modèles Lincoln et vous allez ressentir à peu près le même feed-back et la même progressivité dans l'assistance de la direction. Il s'agit d'un pas de géant par rapport à ce qui était offert précédemment. Son assistance variable permet également à l'Aviator de devancer le Ford à ce chapitre. La suspension est aussi mieux calibrée et un tantinet plus souple. Comme son jumeau, ce Lincoln possède une suspension arrière indépendante et une troisième rangée de sièges. Curieusement, cet essieu arrière indépendant a davantage été créé pour permettre d'installer une troisième rangée de sièges que pour améliorer le confort et la tenue de route. Ces deux éléments sont des « bénéfices marginaux » pour citer un ingénieur rencontré lors de la présentation de la gamme 2003 à Romeo, au Michigan.

Comme son standing est le même qui celui des Mercedes de Classe M ou du BMW X5, pas question d'installer un poussif moteur V6 sous le capot du Lincoln. Seul le moteur V8 de 4,6 litres d'une puissance de 302 chevaux et associé à une boîte automatique à 4 rapports est capable d'afficher une capacité de remorquage de 3 311 kg. Chiffre qui surpasse aisément les statistiques de ses rivales germaniques et nippones.

Vision double

Si jamais vous croyez avoir croisé un « petit » Lincoln Navigator sur la route, ne vous en faites pas. Vos yeux ne vous jouent pas de mauvais tours. L'Aviator est pratiquement une copie à l'échelle du grand frère en passant par la grille de calandre, les phares avant, le bouclier inférieur et les panneaux de caisse. Les stylistes ont même retenu les échancrures des bas de portières pour permettre l'insertion d'un marchepied. Mais tandis que celui du Navigator peut être à déploiement motorisé, celui de l'Aviator est fixe. Et ne cherchez pas de dossier arrière ou de hayon motorisés. Pour pouvoir bénéficier de ces bébelles, il faut commander le Navigator. Incidemment, celui-ci est 32 cm plus long que son cadet en plus d'être plus haut et plus large de 7 cm.

La similitude visuelle entre les deux VUS de Lincoln se poursuit dans l'habitacle. Il faut en effet y regarder à deux fois pour différencier les tableaux de bord. Les deux sont quasiment identiques ; ils ne se différencient que par le positionnement des buses de ventilation centrales. Il faut féliciter les stylistes qui ont réussi à combiner un style nord-américain à une présentation de qualité. On se croirait quasiment dans un véhicule allemand ou japonais tant la perception de qualité est bonne. S'ils s'étaient montrés aussi imaginatifs pour concevoir l'extérieur, l'Aviator obtiendrait les applaudissements de toute la presse spécialisée.

Les sièges avant s'avèrent confortables et la position de conduite ne pose pas de problème grâce à un pédalier réglable. Il est certain que les 302 chevaux de ce Lincoln sont nettement plus impressionnants que les 239 chevaux du même moteur offert en option dans le Ford. La raison de cette disparité est bien simple. Les deux moteurs ont la même cylindrée, mais celui de l'Aviator est à double arbre à cames en tête tandis que celui de l'Explorer en a seulement un par rangée de cylindres. Mais comme celui-ci est plus léger d'environ 260 kg, les performances se révèlent sensiblement les mêmes.

Si les Américains continuent de se procurer de tels modèles à deux roues motrices, les Canadiens se montrent beaucoup plus sages et optent généralement pour les versions à rouage intégral. Cela leur permet de commander le système de stabilité latérale AdvanceTrac, un accessoire incontournable dans cette catégorie. Par ailleurs, la transmission intégrale est moyennement efficace en conduite hors route.

Par rapport à l'Explorer, le Lincoln Aviator affiche plus de caractère et se montre moins soporifique.

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