Infiniti Q45, le talent ne suffit pas toujours

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

La première Q45 incarnait l'une des plus belles expressions du savoir-faire automobile japonais et cette 3e génération (passons charitablement sur la 2e) tente justement de faire de même. Elle est plus lumineuse, plus conviviale, d'accord, mais il lui manque toujours ce « je ne sais quoi » qui rendait autrefois la Q45 si attachante.

Pourtant, sur papier, le nouveau porte-étendard d'Infiniti promet beaucoup : moteur V8 de 4,5 litres (340 chevaux), transmission semi-automatique à 5 rapports et un traîneau de dispositifs de sécurité (antipatinage, antidérapage, etc.), y compris « les phares les plus puissants au monde ». Rien de moins !

Si, sur sa carte de visite, la Q45 a ce qu'il faut pour faire saliver les amateurs de haute technologie, il en va tout autrement sur le plan esthétique. Et les stylistes d'Infiniti n'étaient pas sans le savoir. C'est sans doute pourquoi ils ont apporté cette année certaines retouches (calandre, phares et couvercle du coffre) pour éviter que la Q45 soit de nouveau comparée à une Taurus bouffie.

Équipement complet

Dès le premier coup d'?il, l'habitacle de cette Infiniti nous fait tout même voir des étoiles : colonne de direction inclinable et télescopique, régulateur automatique de la température à deux zones, système de reconnaissance vocale. Bref, la Q45 semble en mesure de tout faire, sauf le café. Et si vous débitez votre compte de banque de plusieurs milliers de dollars additionnels, même la banquette arrière, généreusement rembourrée, comportera une commande électrique afin que vos deux passagers sentent toute la chaleur (oui, elle est aussi chauffante) que vous leur témoignez. Deux et non trois personnes pourront se prélasser à l'arrière en raison de l'accoudoir qui loge en plein centre. Certains passagers maugréeront contre le fait que leurs doigts de pied ne peuvent trouver refuge sous les baquets avant en raison de la machinerie qui s'y trouve. D'autres s'offusqueront de constater que le coffre est à peine plus gourmand que celui d'une? Civic.

Conscients que pour apprécier les vertus technologiques de la concurrence il faille plonger les yeux dans le manuel du propriétaire, là où tout le savoir est disséqué, les concepteurs d'Infiniti ont recherché la simplicité et dans ce domaine, reconnaissons que l'objectif a été atteint. À l'aide d'un levier « à la Nintendo », on peut régler, via un écran couleur ? difficile à lire lorsque les rayons éclaboussent le pare-brise ?, une foule d'accessoires, et pas seulement la climatisation ou la radio. On peut aussi s'enquérir de la pression d'air de chacun des pneus ou encore de la distance qu'il reste à parcourir.

Trop complexe, ce système ? Non puisque les commandes les plus couramment utilisées sont dupliquées sous une forme plus conventionnelle au tableau de bord. Sachez que la Q45 bavarde aussi. Dotée d'un système de reconnaissance vocale, cette berline exécute plusieurs de vos petits caprices sans rechigner. Seule condition, être en mesure de lui dicter vos instructions en? anglais. La direction d'Infiniti dit travailler sur la version franÇaise, mais celle-ci ne sera vraisemblablement pas proposée avant longtemps.

On se laisse conduire

Sur le plan technique, les ingénieurs d'Infiniti ont pris bien soin de rectifier le tir en matière de sécurité et de technologie, deux domaines où la génération précédente ne brillait guère. Outre les rideaux gonflables latéraux, la Q45 compte aujourd'hui sur un répartiteur électronique de freinage, un dispositif antidérapage, un régulateur de vitesse au laser ? qui maintient une distance sécuritaire avec le véhicule qui vous précède ? ainsi que sur des phares au xénon qui illuminent la nuit de faÇon plutôt brillante.

La Q45 ouvre son capot à un moteur V8 4,5 litres de 340 chevaux (le 4,1 litres autrefois utilisé en développait 266). Une mécanique à la fois onctueuse et performante à laquelle s'arrime une transmission semi-automatique à 5 rapports précise à défaut d'être rapide. C'est d'ailleurs pour cette raison que le rapport final de cette boîte a fait l'objet de modifications pour permettre au V8 qu'elle accompagne de mieux s'exprimer sur le plan des performances. Au chapitre des déplacements, la Q45 se révèle une routière agréable et étonnamment agile considérant son poids. De plus, son diamètre de braquage très court lui permet de se faufiler plutôt aisément en ville. Retournons sur les voies rapides pour constater que la direction s'engourdit au centre et que sa crémaillère, trop démultipliée, semble enveloppée dans de la ouate. On pardonnerait aisément à la Q45 cette tare si les vents latéraux ne perturbaient pas tant sa stabilité directionnelle.

Équipée de l'ensemble Privilège, la Q45 a droit à une suspension dotée d'amortisseurs réglables. Au conducteur de décider en appuyant sur un interrupteur : Normal ou Sport ? Pourquoi offrir un choix ? D'autant plus, comme vous vous en doutez sans doute, que ce dispositif est tout aussi coûteux à produire qu'à réparer ? Mon hypothèse : c'est parce que la clientèle est mal définie. Ainsi, plutôt que de régler une suspension pour satisfaire la clientèle recherchée, les ingénieurs se sont vus dans l'obligation de concocter ce dispositif pour élargir le bassin d'acheteurs.

Pour jouer les premiers rôles sur cette scène encombrée qu'est celle des automobiles de prestige, il faut plus que du talent. Il faut aussi et surtout avoir une image de marque et celle d'Infiniti m'apparaît encore bien pâle pour convaincre cette clientèle qui perÇoit son automobile comme une carte de visite.

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