Hyundai Tiburon, arrivée à maturité

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

Plusieurs fidèles lecteurs et fins observateurs se sont interrogés sur l'absence de la Hyundai Tiburon dans Le Guide de l'auto 2002. La raison en était fort simple : elle n'existait pas au catalogue du constructeur sud-coréen. Complètement redessiné, ce coupé revient en force après une année sabbatique profitable. Cette interruption a valu à la Tiburon un second départ fort prometteur.

Naguère voiture à vocation sportive aux lignes tourmentées et, avouons-le, complètement ratées, elle se présente cette année dans la peau d'une vraie voiture sport au style racé. On avait maintes et maintes fois répété que l'ancienne Tiburon risquerait de se démoder rapidement. L'arrivée du nouveau modèle ne fera qu'accentuer la tendance. Et c'est bien malheureux pour ceux qui l'ont adoptée? Ce qu'elle était laide, mais laide !

Il faut toutefois reconnaître que cette première Tiburon, dont l'ancêtre avait pour nom Scoupe (mauvais souvenir, direz-vous), a constitué une porte d'entrée pour Hyundai dans un créneau où les prétendants n'ont jamais manqué. Mais là, c'est du sérieux. Le rôle de figuration est terminé pour le constructeur sud-coréen, bien déterminé à malmener les Toyota Celica, Acura RS-X, Honda Civic Si et Mitsubishi Eclipse, considérées comme les plus sérieuses rivales de la Tiburon.

Le premier coup d'?il, plutôt favorable, se prête à toutes sortes de comparaisons? et parmi les plus flatteuses. Les formes de la nouvelle Tiburon ne sont pas sans rappeler celles des Ferrari 456 GT ou 550 Maranello. Tant qu'à choisir une inspiration, aussi bien copier ce qui se fait de plus beau. Évidemment, ce petit rapprochement se limite à l'esthétique. D'ailleurs, vous pourriez acheter une dizaine de Tiburon pour le prix d'une Maranello !

N'empêche que cet exercice de style ? pas très catholique ? lui a fait un bien énorme. La Tiburon est dorénavant un coupé magnifique qui suscite beaucoup d'enthousiasme. Pour appuyer cet élan de maturité, Hyundai s'est aussi appliquée à revoir bon nombre des composantes mécaniques du modèle.

Un V6 sous le capot

Pour la première fois, la Tiburon comptera sur la contribution d'un moteur V6. Ce 2,7 litres n'est pas inconnu puisqu'on le trouve dans les modèles Sonata et Santa Fe. Cet engin équipera les versions GT et le flambeau de la gamme, la GS-R, à laquelle on a confié une boîte manuelle à 6 rapports.

Si le moteur a beau afficher une belle sonorité et une douceur plus que respectable, on doit reconnaître ses limites. Ses accélérations sont soutenues et ses reprises relativement franches, d'accord, mais on serait porté à en exiger davantage, surtout chez une voiture sport. Comparée à une Acura RS-X type S, la référence dans cette catégorie, la nouvelle Tiburon concède presque 1 seconde au 0-100 km/h.

On constate donc que ce V6 convient davantage aux plus gros modèles de la marque et un moteur qui semble plus à l'aise à partir des 4 000 tr/min. La boîte manuelle à 6 rapports, quoique précise, doit donc être utilisée fréquemment en conduite sportive, ce qui n'est pas une sinécure en raison de sa manipulation difficile. Au point même qu'on se demande si la Tiburon a vraiment besoin d'un 6e rapport, souvent inutile.

Quant au châssis, rehaussé, il procure un sentiment de sécurité un peu particulier. Sur les tracés sinueux, la voiture reste droite, sans chercher à s'incliner dans les courbes, conséquence d'une tenue de route ferme, trop ferme à certains égards. Sur les routes bosselées de notre beau réseau routier québécois, elle a plutôt mal réagi aux imperfections de la chaussée.

Les pneus de 17 pouces contribuent à maintenir la voiture sur sa trajectoire, mais c'est le confort qui en souffre. Éternel débat? La direction a une saveur sportive, mais on souhaiterait, à haute vitesse, qu'elle procure une meilleure sensation du train avant. Bonne note toutefois pour les freins qui ont répondu efficacement à nos plus dures sollicitations.

Toutes les versions de la Tiburon sont proposées avec quatre freins à disque, mais le système ABS n'est de série qu'à l'achat de la GT et de la GS-R. Encore une fois, la sécurité a un prix si vous optez pour une Tiburon plus modeste.

SE : le bon compromis

Si Hyundai s'est limitée à nous faire conduire les modèles GT et GS-R lors de la présentation aux journalistes, ce reportage ne serait pas complet sans consacrer quelques paragraphes à la version SE qui, a conservé le moteur 4 cylindres de 2 litres du concept original.

Notre évaluation est surprenante. Bien sûr, le V6 apporte une nouvelle dimension à la Tiburon, mais la version bas de gamme a fait mentir sa réputation. Elle ne souffre d'aucun complexe en performances. Certes, le 4 cylindres de la SE n'a pas la sonorité du V6, mais ses performances ne constituent pas un inconvénient majeur. Le 2 litres n'a concédé qu'à peine 1,2 seconde au V6 lors de notre test d'accélération. De plus, la boîte manuelle (à 5 rapports cette fois) s'est avérée beaucoup plus douce.

Moins chère à l'achat et surtout moins gourmande en consommation, la SE mérite des considérations. Hyundai prévoit d'ailleurs que la SE constituera plus de la moitié des ventes de la nouvelle Tiburon. Et si vous voulez notre avis, la Tiburon sans becquet à l'arrière est encore plus belle !

Un vrai coupé 2+2

La sportive de Hyundai respecte son appartenance à la catégorie des coupés 2+2. Sa position de conduite est basse et l'accès à sa cabine exige un cours de gymnastique 101. Pour tous les gabarits imposants, les Denis Duquet de ce monde, la nouvelle Tiburon n'est sûrement pas le véhicule idéal. La cabine s'adresse à des gens de taille moyenne, en raison principalement de son faible dégagement au niveau de la tête.

Les places arrière sont symboliques ou destinées à de jeunes enfants, non seulement en raison de l'espace pour les jambes très restreint, mais aussi de la faible hauteur du hayon. La banquette arrière est d'ailleurs plus fonctionnelle lorsqu'elle est rabattue (50/50), car cela permet d'augmenter l'espace cargo.

Grâce à un nouveau dispositif multiréglage du fauteuil, le conducteur peut enfin adopter une position de conduite idéale. Les deux sièges à l'avant offrent un confort agréable grâce à leur bon maintien, même en conduite sportive.

La situation se complique toutefois en ce qui concerne la visibilité ? particulièrement de 3/4 arrière ?, car la Tiburon se montre vulnérable dans les man?uvres de stationnement. La présence de l'imposant aileron de la version GS-R nuit également au champ de vision.

Le tableau de bord remanié mérite nos éloges. La lecture y est spontanée grâce à un groupe d'instruments faciles à consulter. Hyundai a mis du temps à répondre aux critiques, mais les fameuses commandes minuscules de la radio ont été enfin abandonnées au profit de boutons plus énergiques. Ce qui était une corvée dans l'ancienne Tiburon est maintenant devenu un plaisir? De cette nouvelle voiture, on retient sa finition en net progrès. Hyundai se rapproche bon an mal an des productions nippones les plus enviables. On aurait toutefois souhaité l'utilisation de meilleurs matériaux dans l'habitacle, certains ingrédients faisant, disons, bon marché dans certains cas. À la défense de la Tiburon, notons que Nissan n'a pas fait beaucoup mieux avec la 350Z?

L'équipement de série de la Tiburon est alléchant, comme Hyundai nous y a habitués au cours des dernières années. Elle offre sans supplément le compte-tours, la radio AM/FM avec lecteur CD, des miroirs de courtoisie sous les deux pare-soleil et les phares antibrouillards.

Et pour ajouter au caractère sportif, on peut aussi compter sur des pédales en métal livrées en option dans les versions GT et GS-R. Somme toute, la nouvelle Tiburon mérite d'être connue. Sans être extraordinaire, elle représente une option plus qu'acceptable. Et, en optant pour une version moins extravagante, vous en aurez sûrement plus pour votre argent.

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