Hyundai Santa Fe, le bout du monde, c'est chez nous!

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

Et ce n'est pas avec le Santa Fe de Hyundai que cette sage parole perdra son sens. Tant qu'à revenir à la maison après un long et périlleux périple, aussi bien y demeurer ! C'est moins fatigant et vous ne risquerez pas d'embourber votre Santa Fe dans la première rigole venue. Heureusement, le Santa Fe a d'autres qualités pour se faire apprécier.

Cet utilitaire sport apparu il y a déjà deux ans puisait ses origines dans le châssis d'une Sonata. De là à affirmer qu'il s'agit plus d'une auto que d'un camion, il n'y a qu'un pas que je franchirai allègrement. Hyundai, sans doute bien consciente de ne pas posséder un bélier mécanique, offre depuis l'année dernière le Santa Fe en mode traction uniquement. Et selon un dirigeant de l'entreprise coréenne, la demande dépasse les capacités de production. Les gens ont-ils finalement compris qu'une traction intégrale ne réglait pas tous les problèmes du monde ?

Si ce n'était d'un volant un peu trop horizontal qui rappelle un International 1952 et d'une position de conduite aussi facile à trouver qu'un bleuet dans une Cherry Blossom, l'illusion de se balader dans une automobile haute sur pattes plutôt que dans un camion serait à peu près parfaite. Sur la route, le confort s'avère notable et l'insonorisation surprenante. Sur route fortement bosselée, par contre, la tenue de route nous ramène à la dure réalité des véhicules utilitaires sport. En conduite rapide sur un sentier recouvert de trous, de bosses et d'un peu d'asphalte, il faut jouer du volant pour conserver la trajectoire. Et si l'envie vous prenait de tourner brutalement, ayez une petite pensée pour la pauvre suspension avant écrasée sous les quelque 1 600 kg du véhicule. Le centre de gravité élevé accentue cette impression (réalité plutôt !) d'écrasement. Sport, le Santa Fe ? Du tout.

À deux ou à quatre pattes ?

En termes de performances, la version traction (roues avant motrices seulement) à moteur V6 permet de réaliser l'incontournable 0-100 km/h en 9,7 secondes, soit une grosse seconde de moins que la version intégrale. La consommation aussi s'en ressent agréablement. De 13 litres aux 100 km, on passe à moins de 12. Voilà quelques chiffres qui parlent d'eux-mêmes. À moins d'habiter sur une montagne, avez-vous vraiment besoin d'autant de roues motrices ? Autrement dit, à quoi Ça sert de posséder une chaîne stéréo de 1 000 watts si vous habitez dans un deux et demie ?

Deux moteurs sont proposés. Le 4 cylindres de 2,4 litres offre 138 chevaux tandis que le V6 de 2,7 litres, plus généreux, présente 170 équidés, 11 de moins que la publicité le suggérait avant que la tactique de Hyundai ne soit découverte. Je n'ai pu essayer le 4 cylindres, mais si je me fie aux chiffres du V6, les dépassements devraient s'effectuer sur autoroute uniquement ! Ce dernier moteur est associé à une transmission manuelle à 5 rapports tandis que le V6 est combiné à une automatique à 4 rapports qui possède le douteux privilège du Shiftronic, ce semblant de transmission manuelle. Quiconque voulant jouer du levier pour améliorer ses départs est prié de noter qu'il arrive que le mode manuel s'amuse à « monter » de la 1re à la 3e vitesse tout seul dès que le régime moteur grimpe le moindrement. On se retrouve alors avec une chute brutale de puissance et c'est le contraire de l'effet désiré qui se produit. C'est à la fois frustrant et dangereux. Autrement, l'automatique fonctionne doucement, aidant ainsi le conducteur à oublier le mode manuel.

Si le Santa Fe n'a rien de sportif, il n'a rien non plus d'un utilitaire pur et dur. Le système de traction intégrale distribue, dans des conditions normales, 60 % du couple aux roues avant. Mais ce pourcentage varie dès qu'une roue perd de la motricité. Le tout se fait sans l'intervention du conducteur. Lors d'un match comparatif dont le compte rendu a paru dans Le Guide de l'auto 2002, le Santa Fe à rouage intégral, malgré une garde au sol plutôt élevée. s'était classé en avant-dernière position devant un Honda CR-V à bout de souffle et, ex aequo, un Kia Sportage déprimant.

Rue principale, dimanche après-midi?

Lorsque vient le temps d'attirer les regards, le Santa Fe ne donne pas sa place. Bien qu'on se soit habitué à sa silhouette potelée, il s'en dégage toujours un petit côté Tonka qui plaît à l'?il (au mien en tout cas !). Surtout lorsqu'il est habillé d'une couleur pâle qui fait ressortir les plastiques gris anthracite de la grille avant, des moulures de bas de caisse et des imposants pare-chocs. Un support de toit vient ajouter la touche finale. À l'intérieur, le design du tableau de bord ne laisse personne indifférent. Les rondeurs et les arêtes sont proéminentes et l'ensemble fait un peu trop ado au goût de certains et pas assez pour d'autres ! Les plastiques proviennent de la compagnie Tchipamorre et le tissu des sièges pourrait être plus discret. Parlant des sièges, autant ceux à l'avant sont confortables, autant ceux à l'arrière ne sont pas gentils pour les fesses et le dos. Tout comme les espaces de rangement, l'équipement ne fait pas défaut. L'énumérer ici prendrait trop d'espace, mais il est fort à propos de mentionner les trois prises électriques 12 volts.

Le Santa Fe de Hyundai n'est ni sportif ni vraiment utilitaire. Cependant, il a su, et saura, attirer plusieurs acheteurs. Sa frimousse de jouet, son confort et son habitabilité (plus de 2 200 litres d'espace de chargement, sièges arrière rabattus, c'est du grand vide !) plaident pour lui. D'un autre côté, son manque d'aptitudes sportives et tout-terrain, le nom Hyundai et une fiabilité encore loin d'être parfaite lui coûteront bien des ventes. Ou des locations. Et à cause des petits bobos qui apparaissent sur le Santa Fe comme des boutons d'acné chez un adolescent, un engagement de quatre ans me semble suffisant.

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