Ford Mustang, l'art de faire du neuf avec du vieux

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

Maintenant que la General Motors a définitivement retiré la clef du contact de ses Camaro et Firebird, la société Ford, elle, réaffirme sa foi en la Mustang qui, dans sa forme actuelle, se prête une dernière fois au fantasme des ingénieurs de la filiale SVT, mais aussi aux gourous de la mise en marché.

Une dernière fois ? En effet, puisque c'est en janvier prochain que la direction de la marque à l'ovale bleu entend nous présenter une nouvelle génération de ce modèle. Si l'on prête foi à la rumeur, cette Mustang entreprendra une carrière dans les salles d'exposition à compter du printemps 2004. Elle enfilera une robe qui ne sera pas sans nous rappeler celle qui habillait ce modèle en 1968. Et, autre bonne nouvelle pour les amateurs, cette nouvelle venue reposera désormais sur une plate-forme mécanique moderne, c'est-à-dire celle qui sert aujourd'hui de base aux Lincoln LS et autres Ford Thunderbird.

Pour la forme

Soucieux de faire tinter encore le tiroir-caisse, les responsables de la mise en marché ont concocté pour l'année qui vient une autre « édition spéciale » : la Mach 1. Cette dernière se reconnaîtra à ses jantes Magnum de 17 pouces, à ses bandes décoratives et à sa prise d'air montée sur le capot. Plus kitsch que Ça, tu meurs, mais la Mustang ne l'est-elle pas déjà avec ses fausses prises d'air latérales et l'étalon chromé tatoué sur sa calandre ? Seulement 500 exemplaires, tous numérotés, franchiront nos frontières au cours de la prochaine année. Au moment de mettre sous presse, la direction de Ford n'avait toujours pas communiqué officiellement la puissance de ce modèle, mais on promet cependant qu'elle sera de « 300 chevaux ou plus ».

Visuellement, la Cobra SVT, l'autre nouveauté de la gamme, est tout aussi baroque. En revanche, de manière à soutenir ses convictions, la marque à l'ovale bleu lui greffe au moins une mécanique qui pète le feu. Avec 390 chevaux, cette Mustang suralimentée à l'aide d'un compresseur remporte assurément la palme du véhicule offrant le meilleur rapport prix/puissance de l'industrie. Mais il n'y a pas que la puissance qui distingue cette Mustang des autres. On note également la présence d'une boîte manuelle à 6 rapports, d'un système de freinage revitalisé et d'éléments suspenseurs modifiés. Mieux encore, ce « pur-sang » demeure le seul à recevoir une suspension arrière entièrement indépendante qui gomme avec un certain succès les imperfections du revêtement.

Si vous n'avez pas la chance de mettre la main sur l'une des deux versions mentionnées plus haut, ne reste plus qu'à jeter votre dévolu sur le groupe d'options Pony offert dans la version V6. Cet « ensemble » comprend des jantes spécifiques de 16 pouces, un capot de type GT (lire avec prise d'air), des bandes décoratives, un carénage arrière spécifique et un volant gainé de cuir.

Complètement dépassée

Ce sont là des transformations qui, à plus d'un égard, nous valent une Mustang plus équilibrée et plus sophistiquée, mais qui nous rappellent, par moments aussi, qu'il n'est guère possible de faire du neuf avec du vieux. D'ailleurs, il suffit d'ouvrir les longues portières d'une Mustang pour s'en convaincre. Sauf dans la Cobra SVT, les baquets, toujours aussi étroits, n'assurent qu'un faible maintien dans les virages et se révèlent, de surcroît, difficiles à régler, ce qui compromet la recherche d'une position de conduite confortable, pourtant essentielle dans une auto au label aussi sportif. Une fois assis, on fait face à un tableau de bord moulé et fade dont la seule qualité est d'englober une instrumentation complète et lisible. Autres irritants : l'obligation d'appuyer sur une clenche pour retirer la clef de contact, les commandes trop petites de la radio, la qualité douteuse de l'assemblage et le manque d'espaces de rangement, pour ne nommer que ceux-là. En outre, dans la version cabriolet, les points d'ancrage du toit aux montants du pare-brise se sont avérés, sur le modèle essayé à tout le moins, particulièrement difficiles à arrimer. J'arrête ici.

La V6, la plus homogène

Le choix de la livrée dicte le degré de sportivité de la Mustang. Le modèle de base est sans doute le moins sportif, mais, n'en déplaise aux puristes, il demeure le plus recherché. Ford n'est pas sans le savoir et lui a de ce fait apporté plusieurs modifications au cours des dernières années, histoire de le rendre plus attirant encore. Et qu'on veuille l'admettre ou non, la Mustang V6 demeure la plus homogène, la plus civilisée et, quelle chance, la plus abordable du groupe.

À tout seigneur tout honneur, nous avons mis à l'essai la livrée de base équipée du V6. Ce dernier était, pour l'occasion, arrimé à une transmission manuelle à 5 rapports, une combinaison somme toute intéressante. Le V6 s'est avéré économique et performant, quoique son rendement demeure quelque peu rugueux. Quant à la boîte manuelle, sa commande reste sans doute un peu rigide, mais l'embrayage affiche, lui, une belle progressivité.

Le comportement routier de la Mustang est intimement lié à l'état de la chaussée. Autrement dit, du moment que celle-ci se montre aussi lisse qu'une table de billard, la Mustang fait preuve d'un comportement civilisé et fort acceptable ; par contre, les éléments suspenseurs s'accommodent avec moins de grâce d'une chaussée truffée de nids-de-poule et d'autres imperfections du genre, si bien que l'essieu arrière rigide de la livrée de base et de la GT se trémousse et entraîne des sautillements. Quoique un peu molle, la direction de la Mustang permet de l'inscrire avec facilité dans les virages et son diamètre de braquage moyen lui assure une bonne maniabilité en ville. Il convient enfin de noter que le freinage, quoique puissant, se révèle parfois difficile à moduler.

Petit conseil : à moins d'être nostalgique, attendez donc la sortie de la prochaine.

Partager sur Facebook

À lire aussi

Et encore plus

En collaboration avec nos partenaires