Ferrari 456GT / GTA, l'apothéose du grand-tourisme

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

Les Italiens sont passés maîtres dans l'art de construire des voitures grand-tourisme. Ce sont même eux qui ont créé l'appellation Gran Turismo qui sert à désigner une voiture de sport carrossée en coupé conÇue pour franchir rapidement de longs trajets dans un maximum de confort et de luxe. Il ne faut donc pas se surprendre que ces mêmes Italiens soient à l'origine de la plus illustre représentante de cette catégorie, la superbe Ferrari 456 GT. J'ai eu le rare bonheur de faire l'essai des deux versions de ce modèle, l'une avec la boîte manuelle à 6 rapports et l'autre, la GTA, avec la transmission automatique à 4 rapports. Et pour que ce double essai soit encore plus complet, nous l'avons effectué aussi bien sur route que sur piste. Bref, un bonheur d'occasion, pour paraphraser Gabrielle Roy.

On dit souvent qu'une image est plus éloquente que mille mots et notre photo de l'an dernier (Festival Ferrari à Mont-Tremblant) montrant la 456 GT sur trois roues à la sortie des S du circuit Mont-Tremblant démontre clairement que la conduite sur piste n'est pas la vocation première d'une telle voiture. Bien qu'elle s'y comporte honorablement, elle laisse ce rôle à une 360 Modena ou à la 575 Maranello en se contentant d'offrir un comportement routier de premier plan conjugué au niveau de confort auquel s'attend l'acheteur d'une 456 GT. Cet acheteur, incidemment, est le plus âgé de tous les clients Ferrari et c'est ce qui explique que ce modèle soit le seul de la gamme à être offert avec une transmission entièrement automatique. Au risque d'offusquer les puristes, ajoutons que ladite transmission provient des entrepôts de pièces de la General Motors. Accolée au différentiel arrière (pour une meilleure répartition du poids), elle offre un fonctionnement satisfaisant mais tant qu'à négocier avec GM, Ferrari aurait intérêt à opter pour la nouvelle transmission automatique à 5 rapports que l'on retrouve dans la Cadillac CTS et dans les BMW de Série 5. Cela dit, le moteur conserve son exquise sonorité, mais il m'apparaît beaucoup plus amusant d'en être le chef d'orchestre en utilisant la boîte de vitesses manuelle plutôt que de laisser l'automatique s'occuper des crescendos.

Un moteur jouissif

Car l'aspect le plus jouissif d'une Ferrari (le plus grand thrill, si vous préférez) est indéniablement son moteur. Le simple geste de le faire démarrer est le prélude à toute une série de petits plaisirs qu'aucune autre mécanique ne saurait procurer. Le son du V12 Ferrari est unique au monde et la poussée qu'il imprime à la 456 est une expérience qu'aucune autre automobile au monde n'est en mesure d'offrir. On ne se lasse jamais de faire grimper le régime à 7000 tr/min et de faire fonctionner les 48 soupapes et les 4 arbres à cames en tête de ce merveilleux moteur de 5,5 litres développant 442 chevaux. Autrefois très pointus et tout à fait allergiques à l'humidité, les moteurs Ferrari d'aujourd'hui tranchent carrément avec leurs ancêtres qui n'avaient rien dans le ventre à bas régime et dont il fallait constamment changer les bougies pour les faire ronronner correctement. Même la conduite en ville à 1000 tr/min n'est plus un problème de nos jours tellement les moteurs ont gagné en souplesse.

La boîte manuelle à 6 rapports n'est plus aussi coriace que dans le temps. L'embrayage n'exige plus des mollets d'athlète et il suffit simplement de bien apprivoiser la petite grille métallique dans laquelle se glisse le levier de vitesses pour que tout se passe bien. Malgré un poids substantiel, la 456 GT prend peu de roulis en virage et adopte un comportement relativement neutre. Si le poids de la voiture se fait oublier la plupart du temps, il nous rappelle à l'ordre de faÇon non équivoque après quelques tours de piste alors que le freinage voit son efficacité diminuer considérablement. Après un tour et demi environ, les freins ont tendance à surchauffer et il faut s'y prendre de plus en plus tôt pour ralentir à l'entrée des virages. Précisons toutefois que ce problème n'est pas unique à la Ferrari 456 et que n'importe quelle voiture aussi lourde et aussi puissante éprouverait les mêmes ennuis.

La sobriété a meilleur goût

Après le moteur, le grand pouvoir d'attraction d'une Ferrari tient à son look. Malgré sa sobriété, la ligne de la 456 ne passe pas inaperÇue. On est cependant moins impressionné par la présentation intérieure où aucun effort particulier n'a été fait pour créer une ambiance hors du commun. À l'exception de la petite plaque «Campioni del Mondo» collée au tableau de bord pour souligner les trois championnats du monde de la marque de Maranello en Formule 1 et de la grille en métal chromée qui accueille le levier de vitesses, l'intérieur de la 456 pourrait appartenir à n'importe quelle voiture de prix moyen.

Les sièges tendus de cuir sont confortables et la position de conduite irréprochable. Toutes les informations pertinentes à la conduite sportive sont fournies par une instrumentation abondante et bien disposée. Compte tenu des performances d'une telle voiture, le conducteur a besoin d'une visibilité parfaite sous tous les angles et cette Ferrari la lui offre. Il faudra simplement se méfier du capot avant qui est plus long qu'on le croit et dont on ne voit pas l'extrémité.

Ce coupé grand-tourisme répond à la définition d'un 2+2, ce qui signifie qu'il y a de la place à l'arrière pour deux personnes, à condition que ce soient des enfants ou des adultes de petite taille. Et le coffre peut transporter le traditionnel sac de golf, mais au détriment de la roue de secours qui brille par son absence.

Belle, rapide et confortable, la 456 GT est véritablement l'apothéose de la voiture grand-tourisme. Avec son moteur V12 monté à l'avant et sa carrosserie de type 2+2, c'est aussi la Ferrari qui respecte le plus fidèlement la philosophie originale du créateur de cette marque mythique.

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