Chrysler Town & Country, le véhicule des sans-souci

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

Après 19 ans et neuf millions d'exemplaires vendus, on pourrait s'attendre à ce que le concepteur de la fourgonnette la plus répandue dans le monde nous présente un modèle sans faute. Rien n'est parfait dans ce bas monde, mais Chrysler a vraiment pris tous les moyens pour y arriver. La Town & Country constitue en effet la somme de tout ce que l'on peut souhaiter, ou presque, pour répondre aux besoins d'une famille moderne. Au programme : luxe, confort, quiétude et habitabilité, en plus d'un ensemble de petites et grandes attentions qui facilitent remarquablement la vie quotidienne.

Pendant cossu de la Dodge Grand Caravan, elle commande un coût additionnel qui n'apparaît pas déraisonnable dans les circonstances. À équipement équivalent, une Grand Caravan ES (haut de gamme) se négocie à quelques centaines de dollars de moins que la Town & Country LXi (de base), une différence qui peut se justifier par le prestige et le raffinement de cette dernière.

Racée et accueillante

La Town & Country m'apparaît personnellement comme la plus racée des fourgonnettes. Le capot nervuré prolongeant la large calandre traversée du bel écusson Chrysler, les formes imposantes et suggestives et un choix judicieux de couleurs de peinture métallisée ajoutent le panache qui manquait aux lignes fluides mais un peu monotones qu'elle partage avec la Grand Caravan. Dans l'habitacle, rien n'est négligé pour faire la vie belle aux occupants : présentation soignée, sellerie de cuir, climatisation « trizone » (conducteur, passager, et partie arrière) et tutti quanti. À l'avant, les fauteuils à réglages électriques accueillent si confortablement leurs hôtes qu'il ne leur manque qu'un dispositif d'alarme pour prévenir l'assoupissement du conducteur. La seconde rangée reÇoit deux baquets qui se replient et s'enlèvent aisément, bien que l'opération exige quelques efforts supplémentaires d'une personne seule. À l'arrière, trois adultes peuvent occuper la banquette divisée 50-50, du moment qu'un d'entre eux accepte de s'asseoir sur la fente du milieu. Cette banquette est mobile et repliable, et les moitiés qui la composent s'enlèvent séparément, ce qui au total permet de nombreuses possibilités de configurations.

Les porte-verres abondent, de même que les espaces de rangement de toute espèce. La console centrale se déplace fort astucieusement de la rangée avant à l'intermédiaire ; on peut même l'apporter chez soi comme un coffret. Elle est munie de l'éclairage et d'une prise d'alimentation permettant de recharger votre téléphone cellulaire. À l'arrière, le boîtier « range-tout » disponible en option est conÇu spécialement pour accueillir six grands sacs d'épicerie en papier. On peut le déplacer en hauteur et rabattre ses compartiments pour qu'il serve de tablette. Les sacs à poignées ont aussi leur place désignée, suspendus aux crochets qui font saillie de l'endos de la banquette. Vous arrivez de faire des courses les bras chargés de colis ? actionnez par télécommande l'ouverture du hayon et des deux portières latérales coulissantes. Un mécanisme inverse leur mouvement dès qu'une obstruction se fait sentir, minimisant ainsi les risques d'accident.

L'édition Limited en remet avec les coussins gonflables latéraux, les sièges avant chauffants avec mémorisation des réglages, l'ajustement électrique des pédales (comprenant une fonction mémorisation exclusive à la Limited), des garnissages plus luxueux et quelques autres douceurs, tel le casque d'écoute sans fil. Il ne reste pratiquement qu'à cocher les options « toit ouvrant » et « lecteur DVD » pour avoir la satisfaction d'avoir une voiture tout équipée.

Conduite agréable et tranquille

La motorisation est assumée par le V6 3,8 litres de 215 chevaux, mais qui se révèle d'une étonnante douceur malgré son architecture à tiges et culbuteurs. Ses 245 lb-pi de couple font tout de même la barbe (par trois petits poils) au moderne VTEC de l'Odyssey. S'il a le souffle nécessaire pour mener à bien la plupart de ses tâches, il reste que ses performances peuvent être qualifiées de tranquilles. Les T & C qui transportent régulièrement de lourdes charges, a fortiori si elles sont lestées de la traction intégrale, profiteraient sans aucun doute d'un moteur plus puissant, surtout que la transmission automatique séquentielle Autostick disparaît discrètement du catalogue cette année.

Le comportement routier se révèle des plus satisfaisants et la douceur de roulement est au rendez-vous sur presque tous les types de surface. Le châssis démontre une bonne rigidité, les mouvements de caisse sont bien contrôlés et le calibrage des suspensions témoigne d'un bon compromis entre confort et tenue de route. Une suspension Tourisme plus ferme est proposée en option par la LXi, tandis que la Limited reÇoit un correcteur d'assiette automatique à l'arrière. La direction se montre peu loquace sur l'état de la chaussée, mais elle est assez précise, rapide et bien calibrée. Même s'il y aurait encore place pour l'amélioration, les freins ont gagné en puissance. L'antiblocage arrive d'office, de même qu'un antipatinage qui prend malheureusement congé à partir de 56 km/h. On peut toujours se rabattre sur la sophistiquée traction intégrale d'origine Steyr-Puch, qui contribue à rendre la promenade sûre sur chaussée glissante.

Bref, la Town & Country propose de belles choses à ceux qui exigent d'une fourgonnette qu'elle soit aussi agréable à habiter que facile à conduire. Mais la touche d'exclusivité qui constituait sa carte maîtresse s'est amenuisée à cause des progrès de la concurrence, notamment de la Honda Odyssey, qui lui livre une chaude lutte. Si vous optez pour la T & C, considérez aussi l'achat de la nouvelle garantie prolongée sur le moteur et le rouage d'entraînement, car son historique de fiabilité discutable incite à la réflexion ; la frontière peut parfois être bien mince entre « sans-souci » et « cent soucis ». (Voir aussi match des fourgonnettes.)

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