Chevrolet Corvette/Z06, 50 ans et en pleine forme

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

Si je vous disais que j'ai réussi à placer dans le compartiment à bagages deux immenses valises et deux sacs de voyage qui ne rentraient pas dans le coffre d'une voiture taxi et que le moteur sait se contenter de 8 litres aux 100 km (environ 35 milles au gallon), vous penseriez bien sûr que je fais allusion à l'essai d'une quelconque familiale à vocation économique. Jamais de la grosse Corvette, édition 50e anniversaire ! Or, croyez-le ou non, la voiture qui est l'auteur d'un tel exploit est bel et bien la voiture sport qui fait l'orgueil de la marque Chevrolet depuis maintenant plus d'un demi-siècle et qui célèbre en 2003 son cinquantenaire. Comme quoi la Corvette possède des talents méconnus.

L'épisode dont il est question plus haut exige sans doute quelques explications. Des trois versions de la Corvette, la seule qui puisse avaler une telle quantité de valises est celle dotée d'un hayon arrière puisque le hard top et le cabriolet sont loin de posséder le même volume de rangement. Et la consommation digne d'une sous-compacte a été obtenue sur la route plutôt qu'en ville, à une vitesse de 100 à 120 km/h. Il n'en demeure pas moins que la Corvette, avec son V8 de 5,7 litres, a éloquemment fait la preuve que les grosses cylindrées ne sont pas toujours les plus coupables en matière de consommation élevée.

Cela dit, la Corvette C5 introduite en 1997 est sans contredit la plus crédible de tous les modèles ayant vu le jour depuis 1953. Bien sûr, elle abuse toujours du tape-à-l'?il et demeure beaucoup trop grosse pour jouer la carte de la maniabilité, mais sa tenue de route, son freinage et ses performances commandent le respect. Et je parle ici de la version ordinaire avec son moteur V8 LS1 de 350 chevaux.

Pour faire la loi devant les conducteurs de Porsche, d'Acura NSX et même de Ferrari, Chevrolet propose depuis quelques années la Z06 dont le moteur LS6 à haut rendement développe 405 chevaux qui font équipe avec une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports et une suspension modifiée.

La voiture qui pardonne

L'aspect le plus impressionnant de la Z06 ne tient pas à ses phénoménales accélérations (0-100 km/h en 4,5 secondes), ni à sa vitesse de pointe (285 km/h), ni même à son impressionnante tenue de route, mais bien à la facilité avec laquelle on arrive à exploiter ses qualités. Ainsi, la pédale d'embrayage n'est pas démesurément ferme malgré la puissance et le couple du moteur. En revanche, le levier de vitesses nécessite une bonne poigne et ne se déplace pas avec l'aisance de celui d'une Toyota Corolla. L'autre aspect réjouissant de cette Corvette est qu'elle pardonne les erreurs. Le système de contrôle de la stabilité veille au grain, mais lorsqu'il est débranché, les magistrales glissades du train arrière se corrigent à l'accélérateur.

En général, le comportement routier est sain et la voiture plutôt neutre grâce à une répartition du poids très favorable et à un châssis périphérique très rigide. La suspension possède aussi deux modes de réglage : piste et route. En position « piste », son action est moins dictatoriale qu'en mode « route » alors que la voiture perd son élan tout net. La Z06, précisons-le, n'est pas toujours d'un commerce agréable sur mauvaise route et il faut être prêt à sacrifier une bonne partie de son confort pour bénéficier de son exceptionnelle adhérence. La version normale, grâce à des sièges confortables, entre autres, est cependant plus agréable à ce chapitre et se prête davantage à une utilisation quotidienne. Dans l'un ou l'autre des modèles, il faudra toutefois composer avec un accès plutôt pénible en raison de seuils de porte très bas.

Une quinquagénaire rapide

Peu importe le modèle choisi, la Corvette est la quinquagénaire la plus rapide sur le marché. Pour souligner l'événement, Chevrolet a réalisé une édition 50e anniversaire des modèles coupé et cabriolet. Comme il fallait s'y attendre, elle comprend tous les poncifs du genre : couleur extérieure rouge, jantes spéciales, emblèmes commémoratifs, intérieur couleur graphite, etc. La seule nouveauté mécanique est le contrôle sélectif des amortisseurs à action magnétique. Ils sont remplis d'une huile dans laquelle flottent des millions de particules métalliques microscopiques. L'utilisation d'un condenseur électromagnétique dans chaque amortisseur permet de varier la densité de ce liquide et d'agglutiner ou d'éloigner les particules, modifiant par conséquent la fermeté de l'amortissement. Cette suspension dite « active » a l'avantage de réagir plus rapidement aux man?uvres soudaines à haute vitesse.

Pour revenir à mon essai du coupé à arrière ouvrant, son vaste compartiment à bagages fort pratique s'accompagne d'un inconvénient majeur. L'absence d'une cloison entre le l'habitacle et le coffre est à l'origine d'un niveau sonore très élevé sur la route. En plus, le bruit devient quasi insupportable si l'on décide de profiter du soleil en retirant le panneau de toit amovible. Tel un limiteur de vitesse, les turbulences, dès que l'on excède 100 km/h, deviennent assommantes. En plus, le panneau de toit qui vient se loger dans le compartiment à bagages ampute sérieusement sa capacité.

Même si la qualité de construction des Corvette a fait des progrès au cours des dernières années, quelques bruits de caisse persistent à l'occasion. Le coupé à toit rigide s'en tire toutefois beaucoup mieux à ce chapitre et reste le modèle le plus intéressant de la gamme Corvette. Pour le look, toutefois, il apparaît bien difficile de battre le cabriolet qui, même avec une transmission automatique à 4 rapports, reste le cruiser no 1 en Amérique. Facturée 76 570 $ (coupé 50e anniversaire), la Corvette n'est plus la voiture offrant le meilleur rapport prix/performance sur le marché. Mais avec une consommation moyenne de 9,5 litres aux 100, elle est peut-être devenue celle qui propose le meilleur rapport consommation/cylindrée.

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