Faire rêver les petits garçons… et les grands!

Quel jeune garçon n’a jamais rêvé d’être pompier? De tous les corps de métiers, celui de pompier est sans doute celui qui exerce la plus forte impression chez les jeunes… et les jeunes de cœur.  Peut-être est-ce parce que les gens qui travaillent dans ce domaine sont passionnés par leur métier et tout ce qui le concerne.  Cette passion habite toujours la famille Perron de Saint-Rémi, sur la Rive-Sud de Montréal.  Philippe Perron, était le chef des pompiers et de la police de la petite municipalité. Sa famille vivait au-dessus du poste de police qui abritait aussi le poste d’incendie.  Aujourd’hui, le père est décédé, mais son fils Alain assure la relève depuis 33 ans. Et aujourd'hui, le fils d'Alain, Jean-Philippe et sa conjointe font partie de l'entreprise familiale.

Non content de diriger une entreprise spécialisée dans les extincteurs et autres accessoires reliés au domaine des incendies, Alain Perron possède deux véhicules très particuliers.  Tout d’abord, un Ford Modèle T 1909, marqué du sceau « Char du chef », la façon qu’on avait, à l’époque, de nommer la voiture du chef des pompiers.  Son « Char du chef » a été utilisé durant plusieurs années à Bytown, le quartier qui est au cœur d’Ottawa. 

Le deuxième véhicule d’Alain Perron est un magnifique camion de pompier Ford TT 1924. Dans le nom du modèle, « TT » signifie qu’il s’agit d’un Modèle T transformé en camion (« Truck ») d’une tonne.  Il ne s’agit donc pas d’une version camionnette qui, elle, n’apparaîtra qu’en 1925.

Un véhicule d’urgence pas trop pressé

Le moteur d’un TT demeure le même que celui d’un T.  Il s’agit donc d’un quatre cylindres de 177 pouces cubes développant… 20 chevaux!  Dire qu’il s’agit d’un véhicule d’urgence…  Au moins, la transmission planétaire du TT possède une gamme basse et une gamme haute, ce qui permet de démultiplier les rapports et ainsi de gravir des côtes importantes, même lorsque la boîte est chargée.

Entre 1917 et 1927, Ford vend déjà des camions complets. Cependant, parce les besoins sont bien différents d’une entreprise à l’autre et très spécifiques, la marque à l’ovale bleu vend aussi une version « châssis », très populaire. Celle-ci comprend le châssis, la mécanique et l’habitacle ouvert ou fermé, tandis que la partie arrière est dénudée.  Le Ford TT peut donc devenir une remorqueuse, une ambulance, un autobus ou un camion de pompier!

À l’ancienne!

Dans le cas du camion de M. Perron, le châssis du camion a tout d’abord été expédié chez Obenchain-Boyer de Logansport, en Indiana. Cette entreprise, spécialisée en matériel pour camions de pompiers, lui a greffé tous les accessoires qui lui ont permis, au cours de sa carrière de répondre à plusieurs appels.

Un rapide tour du propriétaire étonne.  Dans la partie arrière du véhicule, on découvre trois gros cylindres.  D’une capacité de 40 gallons chacun, ils sont remplis d’eau et d’un acide.  Sur les lieux d’un incendie, les pompiers ajoutent du soda, ce qui provoque une réaction chimique.  Cette réaction crée une pression suffisante pour permettre l’extinction des flammes.  Une grosse manivelle sur le bout du cylindre sert à mélanger le tout, afin de conserver la pression.

Les plus perspicaces auront remarqué que la cabine est ouverte.  Dans le temps, on n’avait pas peur du froid!  Outre le conducteur et son passager, cinq autres pompiers pouvaient prendre place sur les marchepieds sur les côtés et à l’arrière.  Pour ne pas tomber, ils se tenaient après les échelles ou la barre transversale située en haut à l’arrière.  Les différentes échelles, les feux avant et arrière, la cloche, les lances, les haches et les lanternes qui garnissent le camion d’Alain Perron, tout est orignal.  Le son de la sirène à manivelle est impressionnant : nul doute que cet appareil a largement contribué à faire rêver les p’tits gars de l’époque!  Mais ce qui retient l’attention n’est pas nécessairement ce qui accroche l’œil du premier coup.  Tout le tour du camion, on remarque que la carrosserie rouge se pare de jolies dorures, qui sont de véritables feuilles d’or!  Il faut savoir que les pompiers du temps étaient très fiers de leur métier et de leur équipement et ils n’hésitaient pas à rendre leur camion plus beau que celui de la paroisse voisine.  Il ne leur serait jamais venu à l’esprit d’apposer des autocollants fluo sur leur camion en guise de protestation!

Un véhicule de parade

Alain Perron possède son TT 1924 depuis quelques années. La carrosserie n’était pas parfaite, les feuilles d’or avaient perdu leur lustre et plusieurs accessoires manquaient.  Aussi, le moteur a-t-il été rebâti au complet.  C’est seulement après ces travaux que le nouveau propriétaire a pu apprendre à conduire un Modèle TT!  Car on est loin de la conduite facile de nos véhicules d’aujourd’hui!  Depuis, Alain participe à plusieurs expositions et parades chaque année.  À l’occasion, il promène même des pompiers le jour de leur mariage.  Vous êtes impressionné?  Ce n’est rien, le père Noël, le vrai, a déjà monté dans ce véhicule pour une parade à la Plaza St-Hubert!

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