Honda Accord / Accord Crosstour 2011: La nouveauté vient la sauver

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2011

Depuis sa refonte, la Honda Accord a perdu sa suprématie. On sait tous combien une réputation est aussi difficile à établir qu’elle est rapide à ruiner. Heureusement, la version à hayon, ou familiale, ou encore multisegments (mais appelez-la donc comme vous voulez !) – bref, la CrossTour, vient sauver les meubles.

Il y a trois ans, la Honda Accord s’est payée une 8e génération (quand même), mais ça n’a pas suffit. Cette année-là, l’intermédiaire la plus vendue du continent s’est fait supplanter par la Chevrolet Malibu l’un des Meilleurs véhicules nordaméricains. Et v’lan, dans les dents.

Cette gifle était-elle méritée ? Sur certains points, non, car la berline (et son coupé) a vraiment pris du galon, côté dimensions. Même qu’on aurait dû lui faire quitter les intermédiaires pour mieux la faire passer chez les grandes, tellement son espace habitable est généreux. Vrai aussi que ses moteurs sont parmi les plus intéressants. Le quatre cylindres (2,4 litres) de 190 chevaux suffit amplement à la tâche et il est si doux qu’on l’entend à peine. Le V6 de 3,5 litres développe ses 271 chevaux sans une once d’effet de couple et si la puissance n’a pas le dynamisme des berlines allemandes, on lui reconnaît une maturité et une souplesse qu’on apprécie encore et toujours.

La direction, une bonne vieille crémaillère, est plaisante à manier de par sa précision que l’on commande du bout des doigts, et le rayon de braquage est étonnement court pour une si grande voiture. L’ensemble repose sur un solide châssis qui assure une tenue de route stable et bien équilibrée, plus agile que ne le laissent deviner ses grandes proportions. On ne reproche qu’une suspension qui travaille beaucoup, mais reste que la balade est conciliante.

Le hic, parce qu’il y en a un, est que la boîte automatique cinq rapports demeure en poste et ce, toujours sans mode manuel (sauf pour le Coupé). Sur ce chapitre, Honda manque carrément le coche dans une industrie où les transmissions se conjuguent désormais en sept, voire huit rapports, avec palettes au bout des doigts, rien de moins. Combien de fois, à bord de l’Accord, l’index monte-il au volant à la recherche des passages pour faire révolutionner le moteur ? Honda répondra qu’une meilleure consommation passe par les moteurs plutôt que par les transmissions et accordons-lui une chose : son V6 désactive la moitié de ses cylindres en puissance réduite, ce qui joue favorablement sur la facture à la station-service.

La familiale nouveau-genre

Toujours du côté des points faibles, il y a cette histoire de banquette : dans la berline, elle ne se rabat que d’un bloc, ce qui sacrifie toutes les places arrière. Rares sont les voitures d’aujourd’hui qui n’offrent pas le rabattement 60/40. Heureusement, la nouvelle CrossTour ne souffre pas de la même tare, sa banquette se rabattant en deux parties, laissant jusqu’à 1 453 litres de cargo derrière les sièges avant. C’est très bien.

Visuellement, la berline fait preuve d’une belle allure, quoique conservatrice, mais sa silhouette est rompue à l’arrière par un coffre proéminent, un peu comme si ce dernier avait été ajouté à la dernière minute. Encore là, c’est la CrossTour qui sauve la mise : le design fait dans l’étrange à première vue, mais à force de l’admirer, on y voit poindre l’élégance, alliée à un côté pratico-pratique qui fait que ce type de silhouette pourrait bien devenir la familiale nouveau-genre de la décennie.

Encore trop chère ?

Dans l’habitacle, la finition est impeccable et les versions avec cuir et système de navigation ne jureraient pas chez Acura. Pour la berline, on note cependant une insonorisation moyenne – la faute revient à ce coffre qui, malheureusement, n’est pas tapissé de matériel isolant. Jusqu’à présent, on pestait contre les commandes de climatisation qui, divisées en deux incompréhensibles sections, n’étaient pas intuitives, mais Honda dit avoir procédé à des réaménagements pour 2011 et il faudra voir si cette fois est la bonne.

Les sièges avant sont confortables et sont faits de bons supports pour bien y reposer les cuisses. Le dos est bien soutenu et ne souffre pas, même lors de longs trajets. Bien sûr, la sécurité de série est complète, mais quelques petites gâteries devenues essentielles au fil du temps manquent encore à l’appel : le démarrage sans clé et le toit panoramique, par exemple.

Voilà qui n’empêche pas Honda de pêcher par l’excès côté prix : l’Accord est l’une des berlines les plus chères de sa catégorie et pour le prix d’une voiture moyennement équipée chez Honda, les acheteurs peuvent trouver, chez d’autres marques, une voiture beaucoup mieux pourvue. Certes, l’échelle des versions a été revue pour 2011 avec une variante de base mieux nantie et des équipements de série supplémentaires pour les autres versions.

Si le constructeur nippon restera, cette année du moins, au-dessus de ses affaires, ce sera grâce à la CrossTour. L’allure est distinguée et le concept est fort intelligent, bien que le tout ne soit servi qu’avec le V6. C’est donc au moins 35 000 $ que l’on doit débourser, voire plus, pour la traction intégrale. Pour celle de l’Accord elle-même, on en rêve toujours !

Feu vert

Finition intérieure impeccable
Direction qui se commande
du bout des doigts
Désactivation des
cylindres (V6)
Vaste cargo (CrossTour)

Feu rouge

Insonorisation déficiente
(berline)
Pas de mode manuel
à l’automatique

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