Ford Taurus 2011: Avec ou sans turbo : n'importe quand !

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2011

La cerise, que cette Ford Taurus SHO de performance ? Pour cela, il faudrait que le dessert soit visuellement moins « diète ». Mais n’importe quand, je la prendrais comme plat principal. Sa version de base itou, d’ailleurs.

La version SHO de la Taurus n’a pas l’air de ce dont elle est capable. À peine un aileron sur son coffre, des roues de 20 pouces et un double échappement, sans plus. Certes, elle profite d’une suspension raffermie et d’éléments intérieurs qui diffèrent, tels des appliques d’aluminium et du suède aux sièges. Mais dehors, il manque ce « wow » qui lui aurait accordé un air moins débonnaire. Pourtant, elle en mérite, cette SHO, des signes distinctifs. Je ne sais pas, moi, une calandre qui se démarque, des jupes latérales et, surtout, un son pas mal plus grondant. Après tout, la voiture recèle un V6 de 3,5 litres qui, biturbocompressé (oui, oui, double turbo), dispose de 365 chevaux. C’est beaucoup. C’est même trop, diront certains (mais pas nous, ooooh non !). En troquant un V8 pour ce type de motorisation, Ford vise l’économie d’essence, mais difficile de faire mieux qu’un combiné de 14 l/100 km, avec toute cette puissance sous le pied…

Malgré le poids

Les autres variantes ne sont pas piquées des vers pour autant. Même sans turbo, le V6 (3,5 litres) de 263 chevaux se démène avec une belle aisance. Étonnement, le dynamisme n’est pas entaché par le poids du véhicule, pourtant de plus de deux tonnes métriques. C’est dire à quel point tout est linéaire et bien distribué. Mais vrai qu’avec la SHO, les accélérations sont encore plus… plus ! Pas une hésitation des turbos, ce en quoi il faut remercier l’injection directe. On enfonce la pédale et ça décolle, dans un 0-100 km/h en 6,3 secondes (tests menés par l’AJAC). On ne devrait pas comparer, mais sachez que c’est plus vite que pour les Volks GTi et MazdaSpeed3…

Aussi, difficile de croire que la direction est ici électrique (elle reste hydraulique sur la Taurus de base) tant la connexion avec la route est à la fois solennelle et précise. Le freinage est efficace, progressif et bien dosé. Le châssis est d’une grande solidité, la suspension d’un bel équilibre (j’vous jure, elle n’est pas molle sur nos routes défoncées) et on attaque les virages sans craindre. Même que lorsqu’on les prend à 100 km/h, ces virages, on a l’impression de filer moitié moins vite. La traction intégrale est évidemment de série pour la SHO, ce qui aide à garder le droit chemin. Et dans l’ensemble, la conduite livre une rassurante, mais non ennuyante, impression d’équilibre et de maturité.

Ceci dit, la Taurus, SHO ou pas, demeure une très grande berline. Sa silhouette de 5,2 mètres, jumelée à une mince lunette arrière, handicape les manoeuvres de recul et impose l’assistance, sonore ou visuelle. Elle est si grande, la Taurus, que même sans en rabattre la banquette, le coffre dispose de 569 litres – un tiers plus que la moyenne de la catégorie. C’est sans compter un vaste dégagement aux jambes arrière plus que ça et ça tiendrait de la limousine…

Voilà pourquoi il est difficile de considérer la Taurus comme une des sportives de l’heure. Pour ça, il lui faudrait plus qu’une cerise « Ecoboost ». On exagère peutêtre, mais… pourquoi pas une boîte manuelle ? Actuellement, si l’automatique six rapports fait du bon boulot lorsqu’on la laisse faire, c’est moins plaisant lorsqu’on décide d’en manier les palettes au volant. Ces petites commandes en plastique (eh oui, du plastique…) sont peu instinctives et exigent qu’on passe le levier en position M. Pour la performance vitement au bout des doigts, on repassera…

Rendons à César…

Il y a des gens pour dire que Ford s’en tire mieux que les autres constructeurs américains car, et je cite : « Ils n’ont rien demandé aux gouvernements ». C’est accorder bien peu de crédit à une entreprise qui a mis les efforts nécessaires pour développer des produits complets. Regardez l’actuelle gamme Ford ; qu’y voyez-vous ? Des bagnoles suffisamment intéressantes pour figurer en tête des listes d’achats.

Une des grandes réussites chez Ford, ce sont ses habitacles et la Taurus en est une autre preuve. Les matériaux sont d’excellente facture, la finition est de qualité – mieux que l’assemblage extérieur qui laisse paraître quelques panneaux mal accolés. Les sièges sont confortables et, en haut de gamme, ils offrent la fonction massage – le paradis… L’instrumentation est moderne et les commandes faciles à apprivoiser. Enfin, l’insonorisation est remarquable : une fois vitres et portières fermées, la cabine est totalement isolée des bruits extérieurs.

Après les fleurs, le pot, vous dites ? Bah, juste un point négatif : la Taurus, surtout SHO, fait tellement monter de gens à bord que c’est à se demander pourquoi les clients se donneraient la peine de magasiner chez Lincoln ! Un dernier mot ? À notre avis, c’est la version SEL qui vaut vraiment le coût. Elle peut s’amener avec la traction intégrale, la climatisation automatique, le démarrage sans clé, les sièges chauffants ET réfrigérants. Quand même…

Feu vert

Version SEL : notre suggestion du mois !
De la puissance en masse
Grand espace habitable
Bel équilibre de suspension

Feu rouge

Manque de signes pour distinguer la SHO
V6 biturbo pas si économe que ça…
Longue silhouette à déplacer
Absence de boîte manuelle pour la SHO

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