Volkswagen Jetta 2011: Refaire sa vie

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2011

Pour beaucoup de gens, la vie n’est pas un long fleuve tranquille et il arrive un moment où il faut prendre des décisions qui auront une incidence pour le reste de leurs jours. Il en va de même pour certaines voitures. La Jetta par exemple. Depuis ses tout débuts, il s’agissait d’une Golf dotée d’un coffre. Elle se positionnait ainsi une toute petite coche au-dessus de la Golf. Mais en dévoilant le modèle 2011, Volkswagen annonce qu’il en sera dorénavant bien autrement…

La marque de Wolfsburg (Allemagne) ne cache pas vouloir devenir le plus important constructeur d’automobiles au monde d’ici 2018. Il y a quelques années, une telle annonce aurait fait s’écrouler de rire la population mais c’est loin d’être le cas aujourd’hui. Après tout, Volkswagen est propriétaire, entre autres, de Seat, Audi et Skoda. Certaines autres marques du groupe Volkswagen (Bentley, Lamborghini, Bugatti et plus récemment Porsche) ne vendent pas beaucoup d’unités annuellement mais elles apportent une expertise technique qui ne peut être ignorée.

Quoiqu’il en soit, pour atteindre son but, Volkswagen doit prendre des décisions dès maintenant, question de mieux se positionner pour le futur. Ces décisions touchent principalement, et pour l’instant, la nouvelle Jetta, créée spécialement pour répondre aux goûts de l’Amérique. Il faut savoir que cette berline n’a jamais connu beaucoup de succès en Europe où la Golf demeure la Volks la plus vendue. En Amérique, c’est le contraire… sauf au Québec mais, on le sait, nous sommes distincts… Donc, pour mieux dissocier la Jetta de la Golf et de créer une voiture pouvant se battre à armes égales avec les compactes que sont les Honda Civic, Hyundai Elantra, Toyota Corolla, Mazda3 et autres, Volkswagen a pris la décision, sans doute difficile, de faire de la Jetta une voiture d’entrée de gamme.

Les Civic, Mazda3 et Corolla dans la mire

Avec un prix de base de 15 875 $, on peut déjà parler de sérieuse concurrence aux valeurs établies mentionnées plus haut. Elle s’avère même moins chère que la Jetta City (qui, de toute évidence, n’est plus proposée) et, surtout, elle est plus abordable que la Golf la moins dispendieuse de plus de 4 000 $. C’est du repositionnement ça, monsieur !

Bien entendu, pour offrir une voiture sous les 16 000 $, Volks a dû couper un peu… Oubliez le climatiseur, le verrouillage central et les sièges chauffants. Cependant, l’équipement demeure quand même intéressant : Banquette arrière rabattable 60/40, six coussins gonflables, vitres électriques et volant télescopique font partie de la dotation de base.

Plus çi, moins ça… Cette nouvelle Jetta se permet non seulement d’être moins chère que l’ancienne, elle est aussi plus imposante ! Toutes les dimensions ont gagné en dimensions. Par exemple, l’empattement s’allonge sur 7,3 cm de plus que l’ancien modèle. Puisque la longueur totale a augmenté d’autant, ce sont les places arrière qui en bénéficient le plus.

Les Allemands sont peu réputés pour leur excentricité et ce n’est pas la nouvelle Jetta qui y changera quoi que ce soit! Les lignes sont d’une sobriété toute germanique, à la limite de l’ennui, malgré une classe certaine. La partie arrière pourrait même être facilement prise pour celle d’une A4. Cette ligne élégante devrait bien vieillir. Une voiture nouvelle, plus grande et mieux équipée pour moins cher. Bravo ! Mais si vous êtes propriétaire d’une Jetta 2009 ou 2010, par exemple, vous perdrez lorsque reviendra le temps de la revente… Quiconque a déjà monté à bord d’un produit Volkswagen ne sera pas dépaysé en prenant place à bord. Par rapport à la génération précédente, l’espace habitable est plus grand et la qualité des matériaux, même si elle n’est pas optimale, s’avère fort relevée compte tenu du prix demandé. Aussi, il faudrait être de mauvaise foi pour dénigrer la qualité de la fabrication. Les sièges, d’une fermeté toute allemande, sont confortables même après plusieurs heures. La position de conduite se trouve en un clin d’oeil, merci au volant inclinable et télescopique et au siège du conducteur ajustable en hauteur de série sur tous les modèles. Les jauges, dans la plus pure tradition Volkswagen, sont faciles à lire mais, comme le veut malheureusement la tendance, on n’y retrouve pas de jauge de température du moteur. Vous me direz que les moteurs d’aujourd’hui ne surchauffent plus et vous avez raison… aujourd’hui. En sera-t-il de même dans cinq ou dix ans quand la voiture aura atteint un âge vénérable ? Jetta, c’est son coffre, qu’il faut décrire en termes cosmologiques plutôt qu’en vulgaires petits litres !

Mécanique connue

Côté mécanique, on va du désenchantement au rêve. On commence par le sempiternel et désuet quatre cylindres de 2,0 litres de 115 chevaux qui officiait dans les Golf et Jetta City. Nous n’avons pas pu en faire l’essai lors de notre prise en main de la voiture à peine quelques jours avant la date de tombée du Guide 2011 mais d’après nos expériences précédentes, et puisqu’il n’a pas changé d’un iota, nous croyons qu’il s’agit d’un bon moteur de base qui satisfera les gens à la recherche d’un moyen de transport du point A au point B, peut-être même jusqu’à C. Il se marie de série à une manuelle à cinq rapports ou, en option, à une automatique qui en compte autant.

L’autre moteur est le cinq cylindres de 2,5 litres qui, lui aussi, prenait place dans la dernière génération. C’est ce moteur qui équipait toutes les Jetta lors du lancement international. Avec ses 170 chevaux, il est mieux équipé que le 2,0 litres pour affronter la vie et les accélérations intempestives. Néanmoins, sa sonorité en accélération n’est pas des plus réjouissantes. Encore une fois, la manuelle à cinq rapports ou l’automatique à six sont au rendez-vous. Les amateurs de Volkswagen retrouvent donc deux boîtes qu’ils connaissent déjà bien et dont le fonctionnement est irréprochable. Ce moteur consomme certes un peu plus que le 2,0 litres mais la différence n’est pas très marquée.

Lors du lancement de la Jetta, vers la fin septembre 2010, la version TDI sera aussi proposée. Adulée de tous les amateurs de Volkswagen et de diesel (deux mots qui vont de pair), cette mécanique compte sur un couple très élevé (236 lb-pi) pour se démarquer. Avec une consommation d’à peine 6,7 litres/100 km en ville et de 4,6 sur la route, Volkswagen prévoit une autonomie de plus de 1100 km entre chaque plein. Bien entendu, la plus élémentaire des précautions serait de faire le plein AVANT d’atteindre ce chiffre… Plus tard, Volkswagen proposera une version GLI, plus sportive et luxueuse, qui a toujours connu beaucoup de succès au Québec. Son 2,0 litres turbocompressé de 200 chevaux devrait être satisfaisant…

La direction brille par sa précision et son retour d’informations et le châssis semble d’une solidité à toute épreuve. Par contre, j’ai trouvé les suspensions plus dures que dans la génération précédente. Il faut dire que la suspension arrière est à poutre semi-rigide alors que les Européens ont droit à des bras multiples. Les freins de la version de base sont à tambours, un retour en arrière pour Volks qui devait bien couper quelque part pour en arriver à un prix abordable…

Dans les courbes, même les plus sinueuses, la tenue de route est des plus relevées et le roulis très bien maîtrisé. La boîte DSG est un plaisir à utiliser mais elle le serait bien davantage si on pouvait changer les rapports grâce à des palettes derrière le volant. La TDI DSG les offre, ces palettes pourtant! Dans toutes les Jetta essayées, l’accélérateur était difficilement modulable et les départs s’avéraient souvent saccadés, même avec la boîte automatique. Mais s’il faut déplorer quelque chose, c’est l’abandon d’un bouton permettant de désactiver le contrôle de traction et de stabilité latérale. Ça va être le fun dans un banc de neige…

Feu vert

Habitacle plus grand qu’avant
Coffre immense
Comportement routier solide
Modèle de base abordable
ADN Volks préservé

Feu rouge

Lignes manquent un peu de punch
Techniquement moins élaborée
Moteur 2,0 litres assez juste
Accélérateur peu progressif

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