Bentley Continental 2011: Vocation tardive

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2011

Pendant des décennies, la marque Bentley servait pratiquement de faire-valoir à sa grande soeur Rolls Royce qui la surpassait en prestige et en renommée. Les vieilles familles nobles, riches et célèbres du Royaume-Uni préféraient les voitures Bentley moins ostentatoires que les Rolls, mais ces dernières avaient plus de panache et leur réputation était nettement supérieure partout sur la planète. Il a fallu une acquisition ratée par le groupe Volkswagen pour que Bentley prenne son envol.

En effet, comme le groupe germanique n’a pu mettre la main sur la compagnie Rolls-Royce, il a jeté son dévolu sur sa filiale. Ce fut en quelque sorte une bénédiction puisque cela a permis à Volkswagen de ressusciter cette prestigieuse marque qui avait été dans l’ombre pendant des décennies. Et puisque c’est l’incomparable Ferdinand Piech qui dirigeait Volkswagen à cette époque, il a trouvé des solutions techniques ingénieuses pour permettre à Bentley de revenir à l’avant-scène. L’arrivée de la Continental a été spectaculaire.

Logique et efficace

Étant donné que presque tous les modèles de cette marque étaient pratiquement caducs en 1998, date de leur arrivée dans le groupe VW, il fallait faire vite pour mettre Bentley à l’avant-plan et au goût du jour. Pour ce faire, les ingénieurs germaniques ont puisé dans leurs ressources et utilisé la plate-forme de leur super berline Phaeton pour développer une nouvelle catégorie de modèles de prix plus abordables chez Bentley, la Continental. Le Coupé GT a été le premier à être commercialisé et les résultats ont été spectaculaires. Mieux encore, pour donner à Bentley une image sportive et gagnante, on a concocté une voiture de course Bentley qui était en fait une Audi R10 déguisée et dont la cabine était fermée. Une victoire au Mans en 2003 a fait des merveilles pour l’image de marque.

Mieux encore, on a doté la GT d’un magnifique moteur W12 6,0 litres associé à une boîte automatique à six rapports. Comme il se doit, le rouage était intégral. En plus de cette mécanique fort songée, la silhouette de la voiture était et demeure toujours extraordinaire. En fait, cette belle britannique aurait été propulsée par un moteur de taxi londonien que les gens se seraient précipités pour l’acheter.

Dans l’habitacle, les stylistes ont réussi à concilier tradition et modernité. Il est vrai qu’on a conservé la présentation des berlines de grand luxe de fabrication britannique, mais c’est en même temps plus moderne et plus pratique. Il y a bien entendu des cuirs fins un peu partout et des boiseries réalisées à partir de matière ligneuse exotique, mais on ne se croit pas en 1930, plutôt au 21e siècle.

Le plus impressionnant dans tout cela est que la GT est agréable à conduire en offrant des performances dignes d’une sportive avec un temps d’un peu plus de six secondes pour boucler l’habituel 0-100 km/h. Mais ce qui épate davantage, c’est la douceur de ce moteur dont les accélérations et les reprises sont fort linéaires. En plus, la tenue de route est très bonne malgré un soupçon de sous-virage dans les courbes un peu plus accentuées. Et si on ose rouler trop vite à son volant, de puissants freins et des systèmes d’aide électroniques au pilotage garderont votre bolide de plus de 200 000 $ dans le droit chemin.

Les ingénieurs ont utilisé la même mécanique et la même plate-forme pour décoiffer ce coupé et en faire un cabriolet. Souvent, ce genre d’exercice se traduit par une voiture dont la silhouette est bizarre, que le toit soit en place ou non. Cette fois, c’est élégant dans les deux cas. Ceci témoigne de l’excellence du design du Continental GT. On y trouve le même habitacle à quelques exceptions près tandis que la conduite est toute en douceur. C’est la voiture idéale pour aller faire un tour sur Rodeo Drive. Cependant, si son pilote ose pousser quelque peu la GTC, il se rendra compte assez vite que le châssis est moins rigide. Raison de plus pour aller se pavaner sur les grands boulevards et pas sur les circuits !

Une erreur et une trouvaille

Depuis les débuts de cette gamme, tout est au beau fixe. Mais un jour, on a raté le coche; de peu, mais quand même. En effet, devant le succès de ce modèle, la direction a décidé de produire une berline dérivée du coupé avec une plate-forme allongée de 300 millimètres et les résultats sont moyens. La tenue de route n’en souffre pas ou du moins si peu. Par contre, ce manque de rigidité de la plate-forme a une incidence sur celle de la carrosserie. À ce prix, on s’attend à ce que ce soit plus rigide que la nouvelle Buick Regal. Et la voiture à l’essai souffrait d’une finition perfectible alors que plusieurs éléments étaient mal arrimés ou mal installés.

Devant cette popularité, on a également décidé d’ajouter une variante, plus exclusive… comme si les GT, GTC et Flying Spur n’étaient pas assez exotiques ! En tout cas, c’est une loi immuable du marketing : quand une auto se vend, c’est le temps d’offrir des variantes. Cette fois, il s’agit de l’édition Speed. Comme vous l’aurez deviné, avec une telle appellation, les performances sont au programme. Le moteur W12 produit 600 chevaux, la suspension a été abaissée et raffermie tandis que la direction est moins démultipliée. Enfin, des roues de 20 pouces s’ajoutent à l’ensemble.

Feu vert

Silhouettes réussies
Luxe assuré
Moteur fabuleux
Versions Speed
Surprenante tenue de route

Feu rouge

Prix corsés
Dimensions hors-norme
Voitures lourdes
Consommation élevée
Places arrière étriquées
(sauf Flying Spur)

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