Aston Martin DB9, la mal-aimée sort de l'ombre

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

En dehors des passionnés d’automobile, peu de gens en Amérique connaissent la marque Aston Martin et cela même si elle compte 90 ans d’existence. Il faut souvent remonter au premier film de James Bond pour rappeler aux profanes que la fameuse voiture armée de gadgets défensifs de l’agent secret britannique était une Aston Martin, la DB5. À quelques virgules près, ces propos nous ont été tenus par John Walton, le président de la firme aux États-Unis lors du lancement de la nouvelle DB9 au printemps 2005 à San Diego.

Tant par son prix que par sa puissance, la DB9 réside entre la Vanquish et la future Vantage V8 dans la gamme Aston Martin. On aurait tendance à croire que ses dimensions suivent le même raisonnement jusqu’à ce que l’on constate qu’elle est la plus grande des trois avec un empattement et une longueur supérieurs à la Vanquish. Fort heureusement, le poids a été bien contenu puisque la DB9 a été soumise à une sévère diète à base d’aluminium (châssis et carrosserie), de magnésium (colonne de direction et cadre des portières) et de matériaux composites (carrosserie). À 1 710 kg, on ne peut donc pas l’accuser de souffrir d’embonpoint.

Mais qu’en est-il d’une fiabilité qui n’a pas toujours été exemplaire à cette enseigne ? À ce chapitre, la DB9 se chauffe d’un autre bois que ses devancières et qu’elle marque le début d’un temps nouveau chez Aston Martin. Détail intéressant, c’est le rachat de la marque par Ford qui a permis de rendre la fiabilité moins aléatoire que dans le passé.

ENTRE SPORT ET GT

Il suffit de quelques minutes au volant d’une DB9 pour se rendre compte qu’il ne s’agit ni d’une voiture de sport, ni d’une Grand Tourisme. C’est en réalité le parfait amalgame des deux. Là où la Vanquish privilégie le confort, la DB9 est un peu plus consciente de son comportement routier. Et autant la première est un peu malhabile dans certains virages serrés, autant la seconde affiche une agilité peu commune dans les mêmes circonstances. Cela tient à un parfait équilibre des masses obtenu par une distribution égale du poids entre l’avant et l’arrière. Ajoutez-y un châssis en aluminium ultrarigide inspiré de la construction aéronautique et vous avez les parfaits ingrédients de l’agrément de conduite.

SON ET ACCÉLÉRATION

Une voiture de cette envergure se doit de posséder un cœur d’acier… Le V12 48 soupapes de 6 litres n’est pas seulement fort de 450 chevaux mais il est considéré comme l’un des meilleurs moteurs du monde. Avec juste 10 chevaux de moins que celui de la Vanquish normale, il dispose un couple supérieur à celui du modèle de prestige de la gamme tout en offrant 80% de ses 420 lb-pi de couple à un régime aussi bas que 1 500 tours/minute. En posant les yeux sur le compte-tours, on remarquera d’abord que son aiguille tourne dans le sens contraire de celles d’une montre. On notera aussi l’absence de la traditionnelle zone rouge qui a été remplacée par un témoin lumineux de même couleur qui apparaît à un régime maximal, et qui varie en fonction de la condition du moteur, de sa température, du niveau d’huile, etc. Bien pensé ! Ce beau moteur se marie à une boîte manuelle à 6 rapports Graziano ou à une transmission automatique ZF aussi à six rapports que l’on peut gérer soi-même à partir de palettes sous le volant. Ne cherchez pas le levier de vitesse car il a disparu, remplacé par des boutons au tableau de bord libellés P,R,S,N,D. Le plus important, celui du centre, affiche la lettre S pour Start. Même si le mot automatique peut faire peur, cette transmission est à la fois rapide et efficace, si bien que l’on croirait avoir affaire à une boîte séquentielle avec cette hausse caractéristique du régime moteur au moment de rétrograder. C’est le meilleur de deux mondes.

UN SALON PARTICULIER

Depuis toujours, les Aston font l’unanimité chez les grands designers automobiles qui les choisissent parmi les plus belles voitures du monde. La DB9 ne fait pas exception à cette règle de par ses lignes mais aussi de par sa décoration intérieure. Le mélange de bois, d’aluminium, d’ultrasuède (plafond) et de cuir est non seulement bien harmonisé mais aussi soigneusement assemblé. On a l’impression d’être assis dans un petit salon particulier, agrémenté tantôt par l’exquise sonorité du moteur, tantôt par la musique émanant de la chaîne audio Linn. On comprend facilement qu’il faille plus de 200 heures de travail manuel pour assembler chaque DB9, soit trois fois plus de temps que pour une voiture de grande série.

Autant vous le dire sans détour, nous avons été séduit par cette DB9. Nous avons beau chercher, nous n’arrivons pas à lui trouver de lacunes, seulement des errements typiquement britanniques comme ce petit miroir sans rabat sous le pare-soleil du conducteur. On pourrait aussi lui reprocher son coffre mieux adapté aux besoins des joueurs de « miniputt » qu’à ceux des golfeurs, sa visibilité restreinte et ses sièges fermes.

Toutefois quand on lance le moteur et qu’on se surprend à valser d’un virage à l’autre dans une voiture qui a la maniabilité d’une sportive accomplie et l’élégance d’une Grand Tourisme de premier plan. Tous les éléments indispensables (performances, sonorité moteur, comportement routier, apparence et présentation intérieure) au succès d’une automobile d’exception sont au rendez-vous. Dans ce club sélect, l’Aston Martin a toujours été la mal-aimée du groupe. La DB9 entend y faire sa marque.

Feu vert

Fiabilité en hausse
Agilité incroyable
Moteur sublime
Design intemporel
Habitacle somptueux

Feu rouge

Visibilité problématique
Prix décourageant
Boiseries du tableau de bord exécrables
Coffre réduit

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