Hyundai Equus 2011- Après la popularité, la respectabilité

Points forts
  • Moteur doux
  • Bonnes performances
  • Finition impeccable
  • Équipement complet
  • Bonne tenue de route
Points faibles
  • Silhouette rétro
  • Tableau de bord d'une autre époque
  • Valeur de revente inconnue
  • Prestige à développer
  • Anti patinage ultra sensible
Évaluation complète

Au cours des deux dernières années, les ventes des voitures Hyundai de par le monde ont été quasiment météoriques. Alors que ce constructeur était surtout reconnu  pour ses voitures économiques, on a décidé il y a moins d'une décennie de s'attaquer aux grands constructeurs de la planète et de faire jeu égal avec ceux-ci. La direction de Hyundai et Kia avait ciblé le cinquième rang au début de cette décennie. Ils se sont trompés dans leurs prévisions car ces deux compagnies combinées figurent maintenant au quatrième rang des constructeurs mondiaux.

Jusqu'à tout récemment, on s'était surtout contenté de voitures de grande diffusion vendues à prix très compétitifs. Puis, au cours des deux dernières années, les nouveaux modèles se sont distingués par leur silhouette vraiment élégante et une mécanique plus moderne que celle offerte par la concurrence. Bref on prend les moyens pour s'imposer. Par contre, il y a la respectabilité. Hyundai l’a déjà acquise au chapitre des voitures de prix moyen, et il s'attaque maintenant aux voitures de luxe et de grand luxe afin de consolider sa réputation de constructeur mondial.

C’est dans ce but que ce constructeur introduisait la berline Genesis sur le marché nord-américain, il y a une couple d'années. Son entrée en scène a été fort remarquée puisqu'elle s'est mérité le titre de Voiture nord-américaine de l'année. Les membres du jury ont tous été impressionnés par la douceur de son moteur, par sa finition impeccable et un équipement plus que complet. Encore une fois, même dans le luxe, ce constructeur  proposait  un rapport qualité-prix très très difficile à battre.

Malgré ses nombreuses qualités, force est d'admettre que la Genesis ne connaît pas beaucoup de succès sur notre marché. Peu importe, Hyundai continue sur sa lancée en proposant maintenant l’Equus une voiture encore plus luxueuse, plus grosse et plus puissante que la Genesis.

Interrogé à savoir quelles étaient les ambitions du constructeur avec ce modèle, Hyundai se contentait de nous dire qu'on voulait avoir une présence dans cette catégorie sur notre marché. Par la suite, on s'occupera une diffusion plus importante. D'ailleurs, ce ne sont pas tous les concessionnaires Hyundai qui sont des concessionnaires Equus.

Impressions

Aussi bien vous l'affirmer immédiatement, je vais passer outre aux détails techniques et aux impressions de conduite et de tenue de route, puisque j'ai déjà fait cet exercice il y a quelque mois et que Marc Lachapelle s'en charge de façon très professionnelle dans un autre article paru sur ce site tout récemment. Je vais surtout parler de l'impression des gens à la vue de cette voiture et la perception générale de la clientèle ciblée.

Bien entendu, comme l'entrée en scène de ce modèle a été plus que discrète, pour ne pas dire d’un anonymat total, les gens ne savaient pas qu'elle était cette voiture aux allures presque rétro dont la silhouette semble être inspirée de la Lexus LS et d'une ancienne Mercedes-Benz. Ce n'est pas nécessairement joli, mais ce n'est pas laid non plus. En fait tout est en demi-teinte dans cette voiture.

Il fallait voir les gens faire le tour de la voiture, la regarder de plus près et, lorsqu'ils constataient qu'il s'agissait d'une Hyundai, on constatait leur surprise. Ayant discuté avec plusieurs personnes au sujet de la silhouette de cette voiture, les avis ne sont pas tellement partagés : la majorité des gens ont trouvé son allure ringarde, sa grille de calandre à revoir et le désir le plus fréquent était qu'on allège la silhouette et qu'on la modernise. Bref, il est quasiment impératif que la direction de Hyundai confie aux mêmes stylistes qui ont réalisé cette fabuleuse Sonata de nous dessiner un produit à la hauteur de la mécanique.

En plus, cet étrange logo qui ressemble à une statuette égyptienne avec ses grandes oreilles n'est pas tellement réussi. Cela fait bon marché et ne donne pas une image de classe à la voiture. C'est du coréen dépassé et la compagnie peut faire beaucoup mieux. Quant à l'habitacle, il est de même cuvée que l'extérieur. La qualité de la finition, des matériaux et l'ergonomie générale est excellente. Par contre, après avoir passé quelques heures au volant, on a toujours la sensation de conduire une voiture datant d'une dizaine d'années. Ce n'est pas mauvais, mais il faut être de son époque.

La perception

Dans la catégorie des voitures de luxe, le standing et le snobisme influencent davantage les acheteurs que les qualités routières et les performances. D'ailleurs, un ancien directeur national des ventes chez Volvo Canada m’avait résumé la chose : « Dans un bar, les personnes qui exhibent un porte-clefs Audi, BMW et Mercedes-Benz semblent attirer l'intérêt des représentantes de la gent féminine. Par contre, l'homme qui va sortir le trousseau de clés Volvo de ses poches va voir son interlocutrice lui tourner le dos. La raison : les Volvo ne sont pas des voitures qui ont le même prestige. »

La même chose s'applique au chapitre de la réputation des voitures. Je connais une personne qui a échangé sa Nissan Maxima pour une Genesis de Hyundai. Cet homme d'affaires, après qu'il eut fièrement stationné sa nouvelle acquisition dans le stationnement du club de golf dont il est membre, a été la cible de quolibets de la part de ses amis. Tous lui ont demandé si ses affaires allaient si mal qu'il était obligé de rouler en Hyundai. Il avait beau leur dire que cette voiture valait plus cher que sa Maxima, rien n'y faisait. Et cette situation s'est répétée à quelques reprises tant et si bien que notre ami a décidé de laisser tomber sa Genesis pour une Mercedes-Benz de Classe C dont le prix était inférieur à sa Genesis. Mais, avec la Mercedes il avait le standing.

À mon avis, ce sera la principale difficulté que devront affronter les propriétaires de l'Equus. Cette voiture a beau avoir des qualités indéniables et une motorisation digne des meilleures de la catégorie, sa silhouette légèrement rétro, son habitacle d'une autre époque seront les éléments qui vont certainement influencer les acheteurs. Et pour la majorité, Hyundai et prestige ne s’accordent pas encore. Il faudra être un partisan pur et dur de la marque pour se tourner vers cette voiture.

Ceci dit, je suis convaincu que la nouvelle génération de cette voiture est en train d'être dessinée dans les bureaux de design à Séoul en Corée. La présence plutôt discrète de cette berline de grand luxe me semble être un sondage auprès de la clientèle ciblée afin de déterminer quelle sera la bonne recette pour convaincre de s'imposer. Je base mon jugement sur le fait qu'il y a 25 ans, la rudimentaire Hyundai Pony arrivait sur notre marché. Comparé à ce que la marque est devenue après ce quart de siècle, on peut s'attendre à ce que les versions de luxe prennent du galon elles aussi. Et si on s'aperçoit que la marque Hyundai ne réussit pas à intéresser une certaine partie de la clientèle, il ne serait pas impossible qu'on fasse comme des constructeurs japonais et établisse une division de voitures de luxe.

En attendant, l'Equus est une bonne voiture, vendue à un prix presque d'aubaine compte tenu de son équipement et de sa sophistication mécanique, mais il faudra être convaincu de son achat pour passer à l'acte. De plus, je ne suis pas certain de sa valeur de revente.

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