Nissan Juke 2011, erreur d'imagination?

Points forts
  • Charme indéniable
  • Mécanique moderne
  • AWD intéressant
  • Véhicule agile
  • Agréable à conduire
Points faibles
  • Style ne plait pas à tous
  • Essuie-glaces ne se soulèvent pas (pour déneiger)
  • Consommation honteuse
  • Espace de chargement décevant
  • Autonomie restreinte
Évaluation complète

De tous les véhicules bizarres à avoir roulé sur la planète, le nouveau Nissan Juke, sans en être le plus éminent exemple, porte tout de même tous les germes pour rester gravé dans les mémoires. Dans vingt ou trente ans, l’Humain parlera du Juke comme il parle maintenant des AMC Matador, Subaru XT et autres Pontiac Aztek. Mais en attendant, concentrons-nous sur le présent…

Avec son museau de prince charmant transformé en crapaud, il est indéniable que le Juke ne plait pas à tout le monde. Pourtant, lors de nos différents essais, plusieurs personnes l’ont trouvé franchement intéressant. Du charme. Oui, on peut dire qu’il a du charme, ce nouveau Nissan! Dommage que la palette des couleurs soit, somme toute, bien peu extravagante.

Un Juke en hiver

Cet hiver, nous avons pu conduire un Juke SL à traction intégrale, c'est-à-dire tout équipée. Tout d’abord, précisons que ce véhicule est beaucoup plus petit que l’image qu’il dégage. Pour avoir une bonne idée de ses dimensions, l’automne dernier, j’ai pris une photo d’un Juke stationné entre un Ford F250 (ce n’est rien pour faire paraître un autre véhicule gros!) et une Ford Mustang. Si ces dimensions ne se remarquent pas tellement au niveau de l’habitacle, c’est le coffre qui écope le plus. À ce chapitre, une Versa à hayon, dont le Juke est d’ailleurs dérivé, est beaucoup mieux nantie avec un volume de 504 litres lorsque les sièges sont relevés et de 1427 lorsqu’ils sont baissés contre 297 à 1017 pour le mini-multisegment. Ces sièges, soit dit en passant, sont aussi agréables qu’un mur de béton et leur accès n’est pas aisé, gracieuseté d’ouvertures de portes très petites.

 À l’avant, c’est beaucoup mieux. Certains déplorent l’absence d’appui-bras mais le fait que le volant ne soit pas ajustable en profondeur m’a beaucoup plus déplu. Les jauges sont faciles à lire et les diverses commandes tombent sous la main. Notre exemplaire était doté de l’I-CON, un acronyme pour Advanced Integrated Control qui permet de gérer la température et d’afficher des graphiques plutôt inutiles. Heureusement, cet I-CON sait se rendre utile en permettant de choisir son mode de conduite «  Eco, Normal et Sport » (D-mode). Parmi les points positifs, mentionnons la qualité sonore du système audio Rockford Fosgate. Le système de chauffage / climatisation ne nous est pas apparu très performant dès que le froid hivernal (pas un petit temps frisquet, on parle ici de « frette ») s’installe. Aussi, par temps froid, le tableau de bord émettait des craquements agaçants.***Selon un courriel reçu de Nissan (11 février 2011), les techniciens ont replacé un morceau de feutre positionné incorrectement à l'avant gauche du tableau de bord, ce qui aurait réglé le problème.***

Sur la route, c’est bien mieux

À la lecture des paragraphes précédents, il n’est guère besoin d’être Colombo pour comprendre que votre journaliste préféré n’a guère apprécié le Juke, dont les allures extravagantes prennent le pas sur le côté utilitaire. Par contre, sur la route, les impressions changent. Favorablement.  Non, le Juke est loin d’être aussi sportif que ses lignes laissent croire mais il se débrouille fort bien. Ce qui n’est pas surprenant quand on sait qu’il partage sa plate-forme avec la très bien née Nissan Versa.

Le Juke reçoit un quatre cylindres de 1,6 litre mariant l’injection directe d’essence et la turbocompression. Il en résulte une puissance de 188 chevaux et un couple de 177 livres-pied. Il est possible de faire le 0-100 km/h en 8,0 secondes et le 80-120 km/h en 5,7 secondes, d’excellentes données même si, au volant, on ne sent pas cette puissance. Un peu comme s’il n’y avait que 150 chevaux. Question de perception sans doute.  Deux transmissions sont proposées, soit une manuelle à six rapports ou une CVT qui compte six rapports virtuels. Notre Juke d’essai était muni de cette dernière boîte. Bien qu’elle soit beaucoup plus agréable à utiliser que les premières unités qui affligeaient les produits Nissan il y a quelques années, elle possède encore ce don unique qui consiste à monter le nombre de décibels à des niveaux encore jamais atteints par un Boeing au décollage. Nissan devra, un jour ou l’autre, trouver une solution à ce problème. Et si, en même temps, Nissan donnait à la version la plus huppée du Juke des palettes de changements de rapports, ce serait le bonheur total.

Alcoolique?

Notre Juke avait aussi droit au rouage intégral. Ce système ressemble un peu à ce qu’offre Suzuki avec sa Kizashi et sa SX-4 mais en plus évolué. En temps normal, on roule en mode deux roues motrices (avant). Grâce à un bouton au tableau de bord, il est possible de passer en mode intégral. Au besoin, le différentiel électronique arrière fait passer le couple de gauche à droite. On peut aussi bloquer le différentiel pour que 50% du couple se rende aux roues avant et autant à l’arrière. Bref, du travail sérieux de la part des ingénieurs de Nissan. Lors de notre semaine d’essai, notre moyenne a été de 11,7 l/100 km, ce qui est énorme compte tenu du poids du véhicule et de sa vocation. À sa décharge, il faut avouer qu’il a fait très froid cette semaine-là (3 au 10 janvier 2011) et que nous n’avons rien fait de particulier pour sauver de l’essence. Avec un réservoir d’essence d’à peine 45 litres pour la version à rouage intégral (contre 50 pour les modèles à traction), l’autonomie est plutôt faible. Après le dernier plein, avant de remettre les clés de la voiture, l’ordinateur de bord affichait qu’il était possible de parcourir 376 km avant le prochain plein. Nissan veut sans doute nous habituer à l'autonomie des voitures entièrement électriques…

La tenue de route est assurée, la direction vive et précise. Les freins font un boulot correct mais on s’attendrait à un peu plus de mordant, surtout quand on sait que la voiture est ralentie par quatre freins à disque. Il faut cependant dire que notre véhicule d’essai faisait osciller l’aiguille de la balance à 1441 kilos (c’est environ 120 kilos de plus que pour le même modèle muni uniquement de la traction), ce qui est beaucoup. À titre de comparaison, la Mini Countryman, sans doute le véhicule qui se rapproche le plus du Juke AWD, pèse 1310 kilos.

Attention au prix…

Outre des lignes pour le moins différentes (pour être poli…) et un espace de chargement limité, le Nissan Juke a beaucoup à offrir en termes de conduite. Il faut cependant avoir le crayon léger lors de la signature du contrat. Notre Juke SL AWD équipé au max coûtait la bagatelle de 29 548$. Des sièges en cuir, un système de navigation, la radio satellite Rockford Fosgate, la boîte CVT et une peinture à trois couches, ça vous caresse l’égo mais ça vous égratigne le budget! Si on sait rester sage avec les options, le Juke peut devenir un véhicule de choix. Reste juste à savoir si ses lignes vieilliront bien…

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