Les trésors cachés de Mercedes-Benz

Stuttgart, Allemagne–
S’il vous arrive un jour de passer par Stuttgart, ce qui pourrait presque constituer un pèlerinage pour un vrai gars de char, une visite des superbes musées Mercedes-Benz et Porsche s’impose d’elle-même.

Cependant, au moyen des photos liées au texte que vous lisez présentement, je vous propose de m’accompagner pour une visite qui n’a pas de prix et qui n’est pas permise à tout le monde. Bienvenue aux entrepôts de Mercedes-Benz, où sont stationnées un peu pêle-mêle plus de 800 voitures qui ont marqué l’histoire du constructeur allemand, ainsi qu’à l’atelier où les richissimes clients peuvent faire entièrement reconstruire n’importe quel des classiques de la marque.

Localisés sur une rue plutôt anonyme, et dans des entrepôts qui le sont tout autant puisque aucune identification de la marque n’y apparaît, dorment de véritables joyaux dont certains ne sont recouverts que d’une simple toile. Ici, les voitures victorieuses des 24 Heures du Mans, des Grand prix et des Championnats du Monde de Formule Un côtoient celles qui ont remporté les 500 milles d’Indianapolis ou les championnats du DTM. Certaines sont entreposées dans des boîtes faites en bois avec un vitrage en plexiglas, un peu comme des modèles réduits dans un magasin spécialisé, mais la plupart sont simplement stationnées les unes à côté des autres, comme la 300 SLR Mille Miglia de 1955 dont le numéro de compétition 658 indique son heure de départ pour ce rallye, en l’occurrence à 6 heures 58 le matin de l’épreuve.

Dans un deuxième entrepôt plutôt sombre, il est possible de soulever des toiles et d’ainsi découvrir une 600 Pullman utilisée par le pape ou encore un très rare exemplaire d’une 500K de 1937 doté d’un toit rigide amovible et d’un pare-brise séparé en deux parties. Un peu plus loin se trouve la voiture-concept Maybach dévoilée au Salon de l’Auto de Tokyo en 1996 avec sa peinture un peu bizarre et qui se distingue comme étant la seule Maybach portant l’écusson à trois branches de Mercedes-Benz, ainsi que plusieurs 300 SL Gullwing et Roadster.

Dans l’atelier de restauration, il était possible d’admirer une superbe 500K à moteur V8 d’avant-guerre entièrement restaurée de même qu’une 600 Pullman. Un peu plus loin se trouvait une « simple » 300SL dont on avait retiré presque tous les éléments mécaniques en plus d’une bonne partie de l’intérieur. Ici, une restauration complète d’une 300 SL Gullwing demande entre 1 an et 1 an et demi de travail, soit environ près de 2000 heures et coûte entre 300,000 et 350,000 euros plus le coût des pièces nécessaires… Les techniciens triés sur le volet qui travaillent dans ce département peuvent fabriquer n’importe quelle pièce pour n’importe quelle Mercedes-Benz puisqu’ils peuvent compter sur les plans et dessins techniques ainsi que sur l’outillage nécessaire à la confection de pièces dites « originales ». Le degré de sophistication technique des instruments utilisés dans cet atelier permet même aux techniciens de procéder à des analyses de l’ADN de l’acier utilisé sur les voitures qui sont amenées par les clients ce qui leur permet de déterminer si l’acier date de 1936 ou de 1996 et de constater si la voiture à été réparée auparavant.

Les responsables de l’atelier étaient particulièrement fiers de nous montrer une 300SL Roadster qui venait d’être repeinte et qui reposait dans une pièce fermée où nous pouvions l’admirer par le vitrage. Cette 300SL Roadster d’un rouge spécial est unique au monde et cette couleur n’a été appliquée que sur une seule autre voiture dans toute l’histoire de la marque, soit une 300SL Gullwing. Lorsque cette voiture est parvenue à l’atelier, son propriétaire ne se doutait pas qu’il possédait une voiture exceptionnelle pour la simple et bonne raison qu’elle avait été repeinte en bleu foncé. Ce n’est que lorsque les spécialistes de l’atelier ont fait leurs recherches qu’ils ont découvert qu’ils étaient en présence d’une voiture unique au monde et qu’ils ont entrepris de lui redonner sa couleur originale.

Un peu plus loin, une autre voiture exceptionnelle était sur la voie de la renaissance, soit une W165 Tripolis qui avait remporté une course prestigieuse à Tripoli en Lybie en 1939. Lors de cette course, une autre W165 terminait en deuxième place, assurant ainsi un doublé à Mercedes-Benz dans cette épreuve pour laquelle les règlements de cylindrée avaient été modifiés, passant de 3,0 litres à 1,5 litre, pour favoriser la victoire des voitures de marque italienne. Le défi avait donc été relevé avec brio dans un court laps de temps par les ingénieurs de l’époque et les W165 avaient alors relégué les italiennes au rang de faire-valoir.

Chez Mercedes-Benz, ces deux entrepôts ainsi que l’atelier de restauration localisé juste à côté sont appelés les « holy halls » ou les « halls sacrés » où sont préservés les modèles les plus marquants de l’histoire de la marque qui ne sont pas en montre dans le superbe musée Mercedes-Benz.

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