Jeep Commander, marketing au carré

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2008

Un sage a déjà dit que si le marché de l’automobile était dicté par la raison, nous serions tous au volant de voitures compactes à moteur turbodiesel se vendant moins de 20 000 $. Le Jeep Commander est pour sa part la preuve que les acheteurs ne sont absolument pas rationnels et que les constructeurs se creusent les méninges pour tenter de répondre à leurs caprices. Lors de son dévoilement en 2006, ce VUS avait pour mission d’offrir sept places et de pouvoir tracter une lourde remorque. Je sais que les conducteurs québécois s’interrogent toujours face à ces gros VUS sept places qui sont plus ou moins appréciés sur notre marché. Mais faut-il encore le souligner? Nous sommes une goutte d’eau comparativement au marché américain où cette catégorie jouit d’une certaine popularité. Le documentaire d’Al Gore sur le réchauffement climatique et les hausses du prix du pétrole ont provoqué une baisse des ventes, malgré tout, les adeptes sont nombreux au pays de l’Oncle Georges.

Le design du boulon

Il aurait été plus simple et plus économique de concevoir un Grand Cherokee sept places, mais il semble que les gurus du marketing ont préféré commercialiser un autre Jeep afin de pouvoir marchander à la hausse le caractère « Premium» du Commander. Et pour qu’on ne s’aperçoive pas trop que les dimensions de ces deux modèles sont presque identiques, les stylistes ont dessiné une silhouette très équarrie. La hauteur du véhicule, ses flancs plats, sa partie arrière totalement verticale et un museau épaté de même que des pare-chocs protubérants sont autant de trucs du métier qui ont été utilisés pour donner du coffre au Commander. Autre astuce : les garnitures de passages de roue en relief augmentent cette impression d'avoir affaire à un costaud. Autre détail, les décideurs sont friands de ces faux boulons à prise carrés qui parsèment ces mêmes garnitures de passages de roue et qui ornent aussi le tableau de bord. Je suis prêt à parier qu'un fournisseur a dû leur offrir un bon prix pour ces décorations superflues!

Toujours pour respecter ce thème de bête de travail en habit de gala, le tableau de bord du Commander est doté de buses circulaires en remplacement des rectangles de ventilation que l’on retrouve sur le Grand Cherokee. Par contre, le volant est identique. Mais le Commander possède deux places de plus, ceci afin de répondre à l’engouement d’un certain public pour le genre. Un VUS sept places avec une soute à bagages dérisoire est un non-sens, mais c'est ce que les gens désirent. Le Commander ne déroge pas à cette règle. En effet, la troisième banquette est non seulement difficile d’accès, mais inconfortable pour presque tous les gabarits, à l'exception de jeunes enfants qui seraient assez peu traumatisés par un manque de confort. Donc, le plus irritant est l’absence quasi totale de capacité de chargement une fois cette banquette en place. C’est le comble du ridicule de se retrouver au volant d’un si gros véhicule et avoir juste assez d’espace pour y mettre votre mallette d’ordinateur et une couple de sacs d’épicerie! À ce compte, une SMART est plus pratique. Du moins si vous laissez les cinq autres occupants sur le trottoir!

Gènes assurés

Depuis quelques années, les rédacteurs de communiqués de presse des grands constructeurs aiment bien mentionner à satiété qu’un tel véhicule possède l’ADN de la marque et d’un tel modèle en particulier. Voulant ainsi nous faire observer que ce véhicule affiche toutes les qualités tant appréciées chez ses prédécesseurs. Chez Jeep, cette analogie a été utilisée à plus d’une reprise. En fait, pour le grand public, on affiche une petite plaquette sur les ailes avant portant la mention Trail Rated, signifiant que, comme presque tous les autres VUS de la marque, ce véhicule est capable de se tirer d’affaire lorsque les sentiers deviennent impraticables, que les cailloux sont gros comme des ruminants et que la boue a remplacé la terre ferme. Et puisqu’il partage ses gènes avec le Grand Cherokee, le Commander arbore fièrement cette plaquette sur ses ailes. Il est également possible de commander en option le groupe d’accessoires hors route comprenant, entre autres, des plaques de protection. Mais je suis persuadé que si vous optez pour ce modèle en raison de ses sept places, il y a fort à parier que l’ensemble « Info Divertissement » vous intéressera davantage que les plaques de protection ou tout autre accessoire tant prisé des maniaques de la conduite hors route.

Même si la suspension me semble plus ferme que celle du Grand Cherokee et qu’une longue randonnée sur mauvaise route nous incite à faire des arrêts plus fréquents, le comportement routier est sain pour autant qu’on respecte les limites de la catégorie. Et il est certain que si vous avez l’intention de roulez souvent avec le nombre maximum de passagers, un seul choix s’impose : le moteur V8 4,7 litres de 235 chevaux. Il s’agit d’un compromis acceptable entre le moteur V6 3,7 litres un peu juste en cas de surcharge et le gros Hemi V8 de 5,7 dont les 330 chevaux assurent de bonnes performances et une imposante capacité de remorquage, mais avec une facture de carburant passablement corsée...

Avec sa silhouette quasiment rétro, son habitacle confortable, une longue liste d’options, ses rouages Quadra Trac et Quadra Drive ainsi que d'excellentes qualités en conduite hors route, le Commander saura répondre aux besoins des personnes… qui en ont vraiment besoin!

Feu vert

Rouage intégral sans égal
Choix de moteurs
Authentique 4x4
Habitacle confortable
Silhouette appropriée

Feu rouge

Moteur Hemi inutile
Consommation élevée
Espace limité pour bagages derrière 3e rangée
Fiabilité inégale
Sensible aux vents latéraux

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