Renault-Nissan : Carlos Ghosn nie les accusations qui le visent

À l’approche d’une réunion de l’alliance, le constructeur Renault a lancé, selon le gouvernement français, un audit pour vérifier les rémunérations de son PDG Carlos Ghosn, toujours en détention au Japon et qui nie catégoriquement toute malversation au sein du groupe Nissan.

« La nouvelle gouvernance de Renault a lancé un audit sur les questions de rémunération et d’abus de bien social, pour vérifier qu’il n’y a rien eu de difficile, de délicat que nous puissions trouver » chez le constructeur français, a indiqué le ministre de l’Économie française Bruno Le Maire sur la chaîne BFM TV.

L’audit mené avec le « plein accord du gouvernement » prendra « plusieurs jours », a ajouté M. Le Maire, à propos de la firme au losange dont l’État français contrôle environ 15% du capital.

Concernant les accusations portées au Japon à l’encontre de celui qui a fait de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, le numéro un mondial de l’automobile avec 10,6 millions de véhicules vendus en 2017, le ministre a déploré « n’avoir pas d’informations ». Il a demandé à ce que les charges soient « rapidement » transmises à l’État actionnaire et à Renault qui détient plus de 40% de Nissan.

« Tant qu’il n’y a pas de charges tangibles », M. Ghosn ne sera pas démis de sa fonction de PDG de Renault, a précisé M. Le Maire.

Une gouvernance provisoire a été mise en place à la tête du constructeur hexagonal, dont le numéro deux, Thierry Bolloré, a pris la direction exécutive mardi, lors d’un conseil d’administration qui a maintenu M. Ghosn comme PDG.

Le Franco-Brésilien-Libanais a été évincé de son poste de président de Nissan jeudi en conseil d’administration par un vote à l’unanimité dont celui des deux représentants de l’État français. Son sort à la tête de Mitsubishi le troisième larron de l’alliance, qui l’a rejointe en 2016, devrait être tranché lors d’un conseil d’administration lundi.

M. Le Maire a assuré, sur BFM TV, que la présidence de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, forte de 450 000 salariés, allait rester à un Français malgré la crise.

« Nous avons convenu avec mon homologue japonais (Hiroshige Seko, venu à Paris, cette semaine, ndlr) que les règles de gouvernance ne changent pas », a-t-il dit.

Une réunion aux Pays-Bas

D’après les statuts de l’alliance, le PDG de l’entité Renault Nissan BV de droit néerlandais est nommé par Renault, alors que Nissan choisit le vice-président.

De hauts responsables de l’alliance (son directoire est composé de 10 membres, 5 nommés par Renault, 5 par Nissan) doivent se retrouver cette semaine aux Pays-Bas, pour une première réunion depuis l’arrestation de M. Ghosn, a indiqué dimanche le quotidien Yomiuri Shimbun. La réunion aux Pays-Bas était planifiée de longue date mais le sort de l’alliance est susceptible d’y être discuté, ajoute le quotidien.

M. Le Maire a rejeté l’hypothèse que la crise soit un coup monté de dirigeants de Nissan ou d’autres acteurs pour faire éclater l’alliance ou pour provoquer un rééquilibrage en faveur des Japonais.

L’objectif pourrait être de modifier les participations croisées : Renault détient 43% de Nissan, mais le Japonais, qui domine son allié en termes de chiffre d’affaires, n’en possède que 15%, une situation qui provoque depuis longtemps des rancœurs dans l’archipel.

Selon le quotidien Nikkei, citant un dirigeant de Nissan, Carlos Ghosn cherchait à intégrer les deux groupes, et « il était possible qu’un plan concret soit prêt au printemps prochain », un scénario de fusion ouvertement rejeté par le patron de Nissan, Hiroto Saikawa dont Carlos Ghosn fut le mentor.

« Je ne crois pas à la théorie du complot » contre Carlos Ghosn, a indiqué M. Le Maire.

L’ancien homme fort et bâtisseur de l’alliance est soupçonné d’avoir dissimulé aux autorités financières nippones des revenus chez Nissan pendant 8 ans à partir de juin 2011 pour un total de 8 milliards de yens (plus 62 millions d’euros).

Selon l’agence de presse Kyodo, Nissan a en outre payé la sœur de Carlos Ghosn 100 000 dollars par an depuis 2002 pour une mission de conseil fictive.

M. Ghosn, 64 ans, est en garde à vue dans une prison de Tokyo après avoir été arrêté, à son arrivée au Japon, en même temps que son bras droit, l’Américain Greg Kelly, lundi dernier.

Selon des informations de la chaîne publique NHK dimanche, Carlos Ghosn nie toute malversation.

Il n’a pas fait usage de son droit à garder le silence, lors d’un interrogatoire, et a affirmé n’avoir jamais eu l’intention de dissimuler des revenus, selon la NHK.

Partager sur Facebook

Plus sur le sujet

ActualitéRenault et Fiat Chrysler veulent former un géant mondial
PARIS | À eux deux, ils formeraient un nouveau géant de l’automobile : le français Renault et l’italo-américain Fiat Chrysler s’apprêtent à annoncer lundi un projet d’alliance de nature à bouleverser tout le secteur. Un communiqué devrait être publié pour dire que «sera étudiée la possibilité d’un rapprochement entre les …
ActualitéFiat Chrysler veut fusionner avec Renault pour former le N°3 mondial
Le constructeur automobile italo-américain Fiat Chrysler (FCA) a présenté lundi un projet de fusion avec son homologue Renault, afin de donner naissance au troisième groupe mondial du secteur, une annonce saluée par les investisseurs et le gouvernement français. Selon la proposition faite par FCA à Renault, la nouvelle entité serait …
BlogueEt si Renault débarquait
Un peu plus tôt cette semaine, on annonçait la possible association entre Renault et Fiat Chrysler Automobiles (FCA). À l’étape de discussion, ces deux géants pourraient en effet joindre leur expertise pour créer l’un des plus importants conglomérats automobiles au monde. Est-ce surprenant? Plus ou moins, dans la mesure où …
ActualitéL’ex-PDG de Renault-Nissan confirme sa fuite au Liban
Beyrouth | Coup de théâtre dans l’affaire Carlos Ghosn: l’ex-PDG de Renault-Nissan , qui attendait son procès en résidence surveillée au Japon, a confirmé mardi se trouver au Liban d’où il entend parler librement à la presse dans les jours à venir. « Je suis à présent au Liban. Je …

À lire aussi

Et encore plus

En collaboration avec nos partenaires