Aston Martin DB11 2017 : la vie en accéléré

Points forts
  • Puissante et rapide
  • Nouveau style attrayant
  • Roulement raffiné et confortable
Points faibles
  • Système multimédia complexe
  • Sièges arrière symboliques
  • Boutons de la boîte de vitesses peu conviviaux
Évaluation complète

On dit souvent qu’il faut profiter du moment présent. Une expression des plus sages, sur laquelle on peut s’inspirer tant dans son travail que dans sa vie personnelle. Par un beau mercredi matin, j’ai pu faire d’une pierre deux coups.

C’était le 14 juin. À midi trente, le train partait de Dorval pour m’amener à Ottawa, là où se trouvait le départ officiel de l’Écorandonnée de l’AJAC 2017. Fortement impliqué dans l’Association des journalistes automobile du Canada, il n’était pas question que je rate ce rendez-vous.

Le problème, c’est que tard lundi soir, le 12 juin, Decarie Motors me contactait pour planifier l’essai de la toute nouvelle Aston Martin DB11 2017. La voiture dans laquelle Daniel Ricciardo et Max Verstappen, pilotes de formule un, évidemment, ont posé leur derrière durant la semaine du Grand Prix de Montréal. La DB11 était mise à la disposition de certains journalistes automobiles, pour quelques heures chacun, échelonnées sur trois ou quatre jours. Premier arrivé, premier servi. Ensuite, la DB11 disparaissait à jamais, et probablement la prochaine occasion d’en essayer une, ce sera lorsque je gagnerai le million à la loterie.

Je me suis donc empressé de confirmer un essai le mercredi matin, de 9 h 30 à midi. Pourrais-je rouler suffisamment le bolide, prendre des photos, faire mon show-off au centre-ville, rapporter la voiture chez le concessionnaire et arriver à la gare de train à temps?

Pas de problème. L’Aston Martin DB11 2017 dispose d’un V12 biturbo de 5,2 litres, un bijou de moteur qui développe 600 chevaux et un couple de 516 livres-pied, exploité par une boîte automatique à huit rapports. Selon le constructeur, la voiture peut atteindre 100 km/h en 3,9 secondes.

Mon père, retraité et fervent amateur d’automobiles, avait accepté de me donner un lift jusqu’à la gare du train pour Ottawa, une fois la DB11 rentrée au bercail. J’étais content. Tant qu’à passer du temps avec ce bolide, autant profiter du moment présent avec celui qui m’a transmis la passion pour les voitures, celui qui apprécierait le plus ces quelques heures de bonheur.

Photo: Michel Deslauriers

Comme j’arrive devant chez mon père, il m’attendait déjà dehors. « Je t’ai entendu arriver depuis au moins deux blocs d’ici », m’a-t-il dit. Il portait fièrement sa casquette Aston Martin, celle que je lui avais donnée deux ans auparavant.

« Ça fait un peu groupie, tu ne trouves pas? » C’était la première chose qui m’est venue à l’esprit. Et lui de me répondre : « Veux-tu que je mette ma casquette Toyota à la place? » Euh, non.

On a fait le tour de la DB11 qui, dans toute sa splendeur, n’attirait pas trop les regards jusque-là avec sa peinture grise métallisée. « Veux-tu un café avant de partir? » me demanda mon père. « Mieux que ça, on va aller s’en chercher un dans un endroit plus chic. Après tout, on roule en Aston Martin, non? » Je venais de réaliser que j’insultais à la fois la maison et le café Maxwell House de mon père. L’arrogance d’être riche – ou de faire semblant de l’être – me montait déjà à la tête.

On monte à bord de l’Aston Martin DB11 2017 et après avoir démarré le moteur, j’aperçois mon père assis côté passager qui me regarde avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles. « T’es content de faire un tour d’Aston? » je lui demande. « En fait, je viens de voir les sièges arrière. C’est une farce! Y a-t-il vraiment quelqu’un sain d’esprit qui va s’asseoir là? »

On se rend au café le plus, euh, chic qui n’est pas trop loin de chez lui, un Starbucks. On y entre pour commander, mais la serveuse (pardon, la barista) ne semble pas comprendre ce que l’on aimerait avoir. « C’est un café que je veux. Juste un café normal, standard, pas de broue brune, pas un gâteau de fête dans une tasse! », s’exclame mon père. Pour ma part, je me fais dire qu’un café de taille moyenne, ça n’existe pas chez Starbucks. Finalement, il y a des gens plus arrogants que moi.

Bref, on est sortis de chez Starbucks avec un café qui a coûté trop cher. Mon père et moi sommes probablement trop vieux jeu pour comprendre l’attrait d’un café « de luxe », mais au moins, nous on roule en DB11, pas les autres clients.

Photo: Michel Deslauriers

Pendant que l’on sirotait notre dessert au café, on a pris le temps d’observer la voiture en détail. La DB11 arbore un nouveau style pour la marque, inspiré davantage de ses récents concepts que des autres modèles de la gamme, qui commencent franchement à prendre de l’âge. On aime la silhouette générale du coupé, la calandre agressive, les minces feux arrière et la mince fenestration. Toutefois, il faut apprendre à aimer les bandes argentées du toit qui contrastent avec le reste de la carrosserie – bon OK, on peut choisir une autre couleur – ainsi que les bouches d’aération qui perturbent la forme des arches de roue avant.

En revanche, à l’instar des autres Aston Martin, les portes de la DB11 s’ouvrent avec une légère inclinaison vers le haut et tiennent en place, peu importe l’angle d’ouverture. Une particularité de la marque. Des canalisations entre l’extrémité des vitres latérales arrière et le bout du couvercle de coffre permettent d’augmenter l’appui au sol et la stabilité, alors qu’un petit béquet tout mince s’élève à l’arrière pour faire de même avec l’air qui déferle le long de la lunette arrière. Un sac de golf se loge facilement dans le coffre, peut-être deux avec un peu de graisse de coude.

Le capot s’ouvre vers l’avant, sculpté en une seule pièce d’aluminium. C’est d’ailleurs le plus grand capot monopièce de toute l’industrie, aux dires d’Aston Martin. On en prend note pour épater les curieux plus tard. Le moteur V12 est logé sous un cadre de renforcement triangulaire, comme une bête prise dans une cage. En passant, le constructeur vient d’annoncer la disponibilité d’un V8 biturbo de 4,0 litres dans la DB11, fourni par Mercedes-AMG, qui fournit 503 chevaux. Tant qu’à dépenser, gardons le moteur V12.

En activant le mode de conduite normal et les amortisseurs à leur réglage le moins ferme, la DB11 est étonnamment docile sur la route. Évidemment, le mode Sport+ prend les choses en main en conduite dynamique, permettant au moteur de s’exprimer par la bouche de ses canons, mais aussi par ses pots d’échappement. Une sonorité jouissive, il faut avouer.

Photo: Michel Deslauriers

L’affichage destiné au conducteur est entièrement numérique, simple et efficace. À l’inverse, le système multimédia emprunté à Mercedes-Benz l’est moins, avec ses menus complexes à naviguer en conduite. Au moins, il est plus moderne que les systèmes des autres modèles Aston. En on ne tripe pas trop non plus sur les boutons pour gérer la boîte de vitesses, montés haut sur la console centrale. Ça ne fait pas très viril.

Finalement, l’Aston Martin DB11 2017 est davantage une voiture de grand tourisme qu’une pure auto sport, mais elle peut facilement camper les deux rôles au besoin. Nous sommes retournés chez le concessionnaire après une courte randonnée sur l’autoroute et un moment quelque peu stressant dans le trafic du boulevard Métropolitain — après tout, ce n’est pas ma voiture et elle peut coûter plus de 300 000 $ avec quelques options… Quoi qu’il en soit, notre expérience à bord de ce bolide fut trop courte. Ensuite, mon père m’a conduit à la gare du train, et j’ai passé les deux prochains jours non pas à rouler à bord d’une voiture de grand prestige, mais à écoconduire au volant de petites voitures peu énergivores, hybrides et électriques. Méchant contraste!

Est-ce la meilleure Aston en ce moment? Bien que plus sportive, la Vantage se fait vieillissante et sera bientôt remplacée. La Vanquish est plus dispendieuse sans en donner vraiment plus pour notre argent, et la Rapide est plus polyvalente avec ses quatre portes et quatre vraies places. Toutefois, la DB11 rassemble beaucoup d’éléments de ses sœurs, et s’avère une voiture à la fois extrêmement rapide, mais confortable au quotidien. La réponse est donc oui.

Et si je gagnais le gros lot à la loterie, serais-je prêt à adopter la vie de riche, à rouler dans des bagnoles de luxe ultrapuissantes? Autrement dit, la vie en accéléré? Pas sûr. Au moins, le temps d’un avant-midi, j’ai profité du moment présent avec mon père et j’ai fait un heureux, même s’il s’est plaint que son café était trop cher.

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