Mais comment en est-on arrivé à la smart?

Lorsqu’elle est apparue sur le marché canadien en 2005, la smart Fortwo a créé un véritable raz-de-marée. Tout le monde voulait tout savoir d'elle. Il fallait voir la tête des badauds quand on leur répondait qu’elle était mue par un moteur diesel et qu’elle était construite par… Mercedes-Benz et qu’elle roulait déjà en Europe depuis quelques années! Rarement une voiture avait autant polarisé les opinions qui allaient du dégoût total au coup de cœur le plus violent.

L'histoire de cette automobile pour le moins bizarre commence en 1972 alors que Mercedes-Benz planche sur le design de la voiture des années 2000. La crise du pétrole de 1973 conforte l’entreprise dans son désir de développer une petite voiture de ville.

Quand Mercedes se fait visionnaire

Les premières esquisses montrent déjà une voiture à deux places à moteur électrique à l’avant et batteries à l’arrière, dotée d’un nez plongeant, d’une partie arrière tronquée et d’un empattement très court (pour une longueur totale de 2,5 mètres), une pratique qui détonne des immenses berlines ou sportives de Mercedes-Benz. Mais le projet tourne court, le niveau de sécurité ne correspondant pas aux normes.

Il faut attendre 1981 avant que le projet d’une citadine refasse surface. Le projet NAFA (Nahverkehrsfahrzeug ou Local Trafic Vehicle) propose une voiture plus carrée, suivant la mode de l’époque. L’étude se termine en queue de poisson, le public (lire les Américains, sans aucun doute) préférant, malgré la seconde crise du pétrole à la fin des années 70, des voitures de grand format. La citadine aurait alors aidé Mercedes-Benz à respecter la nouvelle norme CAFE (Corporate Average Fuel Economy).

La suite du projet NAFA

Petit saut dans le temps jusqu’en 1988. Les ingénieurs de la noble marque allemande reprennent le projet NAFA, cette fois en y greffant une motorisation électrique. Deux équipes travaillent chacune sur un projet différent. L’un de ceux-ci, la Vision A 93 dévoilée au Salon de Francfort en 1993, deviendra plus tard la Classe A. De son côté, l’autre projet, le MCC (Micro Compact Car) prend lentement forme.

En 1991, le MCC entre en phase de développement aux tout nouveaux studios de design californiens de Mercedes. Le 4 juillet 1992, le conseil d’administration de Mercedes voit, pour la première fois, les plans en format réel (échelle 1 :1) de la citadine et donne son accord pour amorcer la fabrication d’un premier prototype fonctionnel. Déjà, l’idée d’un MCC cabriolet est dans l’air.

Et arrive celui qui montre le chemin…

Alors que les travaux vont bon train, l’affaire se développe de façon inattendue en Allemagne. Nicolas G. Hayek a fait fortune en révolutionnant le petit monde des montres-bracelets avec sa Swatch. L’homme voit grand et veut construire une bagnole qui emprunterait la même stratégie manufacturière que ses montres mais, prudent, il ne veut pas se lancer seul dans cette aventure. Volkswagen refuse son projet de petite voiture de ville. Le 3 décembre 1992, il entre en contact avec le président de Mercedes-Benz AG, Werner Niefer.

Le 3 janvier 1993, Nicolas Hayek présente sa vision de la MCC, la Swatchmobile, une auto qu’il désire électrique. Déjà, cependant, il est établi que les coûts de production d’une voiture dotée d’une telle motorisation seraient trop élevés. Cela n’empêche pas Niefer de déclarer, lors du Salon de l’auto de Genève 1993, que la petite voiture deviendra réalité.

Première sortie publique et dissensions

L’année suivante, toujours en mars, le coupé et le cabriolet sont présentés au public. Le premier reçoit un moteur électrique tandis que le second a droit à un trois cylindres à essence. Le mois d’après, l’association entre Daimler-Benz et SMH (Swiss Corporation for Microelectronics and Watchmaking Industries Ltd) est confirmée. Daimler-Benz détient 51 % des parts de MCC (MCC GmbH) contre 49 % pour SMH. Les dissensions entre Hayek et Mercedes ne tardent pas à faire surface. Alors que Hayek désire une petite voiture électrique aux couleurs voyantes, la marque allemande préconise un moteur à essence ou diesel et la sécurité.

L’origine du nom smart

Il est établi que la première voiture qui verra le jour à la suite de l’union des deux partenaires sera l’Eco Sprinter, connue jusque là sous le nom de MCC. Le nom smart est trouvé à peu près à cette période. En fait, il s’agit de Swatch Mercedes Art : SMART. Il s’agit en fait d’un habile jeu de mots puisque smart, en anglais, veut dire intelligent.

Hayek tient quand même à la motorisation électrique et fait développer sa propre version. Puis, il invite les dignitaires de Mercedes à assister à une démonstration. Malheureusement pour lui, la démonstration ne fonctionne pas comme prévu, ce qui conforte Mercedes dans son choix d’une motorisation à essence ou diesel et qui creuse davantage le fossé entre les deux parties.

Même si Hayek a de moins en moins d’influence au chapitre des décisions, il demeure l’un des leaders des méthodes de productions innovantes de la smart. En décembre 1994, il est décidé que la production de la petite voiture se fera dans une nouvelle usine de Hambach-Sarreguemines, dans la Lorraine en France.

En avril 1995, le design de la future smart est arrêté et ne changera plus avant la mise en production officielle.

Hayek s’en va et la smart nait

La construction de l’usine et la production de la voiture demandent des injections de capitaux qui vont au-delà des ressources financières de Hayek. En février 1997, il accepte de vendre ses parts restantes à MCC GmbH et il se retire du projet.

La version de production de la smart est présentée officiellement au Salon de Francfort en en septembre 1997. Puis, le 27 octobre, la première smart quitte la chaîne de montage. Le reste appartient à l’Histoire.

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