Infiniti Q70 2015: Énigme

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2015

Il y a de ces voitures qui semblent toujours un peu déphasées, un peu « à côté de la track » mais qui ne sont pas mauvaises pour autant. Des voitures à qui il manque un peu de ci, un peu de ça, qui ont en même temps un peu trop de ci, un peu trop de ça. C’est le cas de l’Infiniti Q70 qui, en plus, a dû changer d’identité l’an dernier (auparavant, elle s’appelait M). Malgré cela, mine de rien, la Q70 est une excellente voiture.

Dévoilée en 2011, l’Infiniti Q70 était due pour une révision de mi-génération. C’est au Salon de l’auto de New York, en avril 2014, qu’on a pu voir les changements apportés. Ces modifications, bien que peu profondes (parties avant et arrière nouvelles), lui donnent au moins un air de famille avec la jolie Q50. Infiniti a profité de l’occasion pour ajouter à sa Q70 une version allongée de 127 mm. Ces 5 pouces supplémentaires seront appréciés par les jambes des passagers arrière. Pour le reste, c’est le statu quo. On retrouve donc les trois versions d’auparavant : V6, V8 et Hybrid. Chacune possède sa personnalité et les différences entre ces modèles sont quelquefois marquées.

Cependant, toutes ont droit à un habitacle où le confort et le silence de roulement sont rois. Comme dans toute voiture de luxe qui se respecte, la qualité des matériaux est relevée et l’assemblage est précis. Les sièges avant font partie des meilleurs de l’industrie et favorisent une excellente position de conduite, et le volant au gros boudin se prend bien en main. Les jauges sont faciles à lire, l’écran de 7 pouces en plein centre du tableau de bord aussi tandis que les touches du clavier incliné se manipulent aisément. Parmi les bémols, on souhaiterait avoir davantage d’espaces de rangement, même si la console centrale est de bonnes dimensions. Le coffre à bagages est passablement grand mais son ouverture ne l’est pas. De plus, le dossier des sièges arrière ne se rabat pas. Bon point enfin pour le système audio Bose qui diffuse des décibels de qualité.

V6 et V8

Comme mentionné plus haut, la Q70 propose trois moteurs. Le premier, un V6 de 3,7 litres, ne fait pas dans l’indigence avec ses 330 chevaux. Certes, la masse à déplacer est assez imposante mais ce moulin assure des accélérations et des reprises passablement musclées, dans une sonorité bien appréciée. Ceux qui désirent plus de punch et une conduite plus sportive opteront pour le V8 de 5,6 litres. Celui-ci boit peut-être comme un alcoolique en rechute mais on lui pardonne ses excès puisqu’il fait avancer la voiture avec une conviction certaine. 420 chevaux, ce n’est pas rien! Malgré tout, le modèle V6 m’a toujours semblé mieux équilibré que le V8, moins extrême, plus confortable… même si les pneus à taille basse (Bridgestone Potenza 245/40R20) suivent les sillons de la route avec une motivation peu commune dans ce créneau du luxe.

Depuis l’an dernier, la Q70, peu importe ce qui niche sous son capot, n’est offerte qu’avec le rouage intégral. La transmission est invariablement une automatique à sept rapports au fonctionnement généralement très doux. Sur la console, on retrouve un bouton bien tentant… On n’a qu’à le tourner pour avoir droit à un mode Sport qui transforme le comportement de la voiture… au point de recommander de toujours laisser le mode Normal engagé. Ce mode Sport, qui modifie les paramètres du moteur et de la boîte de vitesse ajoute tellement de compression au moteur qu’en décélération on a l’impression que la voiture (du moins celle à l’essai) freine brusquement toute seule. Il y a aussi un mode Eco qui, on s’en doute, privilégie une conduite économique au lieu d’une conduite sportive. Mais ce mode est tellement restrictif qu’il en devient irritant. Finalement, seul le mode Normal m’a semblé… normal.

Et l’hybride, elle?
Il y a enfin la version hybride. Très performante avec son V6 de 3,5 litres et ses 360 chevaux combinés, elle est aussi très chère, n’est offerte qu’avec les roues arrière motrices et consomme pratiquement autant que le V6 de 3,7 litres. En outre, les batteries grugent une bonne partie du coffre en plus d’ajouter du poids. Si vous avez le cœur vert et le pied droit guilleret, il s’agit d’une excellente voiture. Sinon…

La Q70 est constituée d’éléments de grande qualité. Or, ces éléments réunis donnent une voiture qui manque de présence, qu’on oublie dès qu’on en sort. Fiable mais sans passion, puissante mais pas sportive, cette voiture est sur le point d’être parfaite. Malheureusement pour elle, les Allemands font exactement le contraire… et ont du succès.

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