Dodge Challenger 2015: Danser avec le diable

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2015

Lorsque les journalistes automobiles avaient vu le concept de la Dodge Challenger au Salon de Detroit en janvier 2006, personne ne croyait qu’il serait vraiment mis en production. Trop près du modèle original selon les uns, trop gros selon les autres et trop tout selon tout le monde. C’était oublier que cette même marque avait déjà produit la Viper et la Plymouth Prowler, deux voitures d’une parfaite inconvenance mais si tentantes. Du péché sur roues, quoi!

La Dodge Challenger fut donc mise en production telle quelle, ou presque, ramenant sur le tapis la guerre des muscle cars puisque la Mustang venait à peine d’être entièrement revue. Ne manquait que la Camaro qui s’est fait un plaisir d’embarquer dans la danse en 2009 en tant que modèle 2010.

La Challenger a beau avoir connu une constante et fort intéressante hausse de la puissance de ses moteurs, n’empêche que le temps, cet ennemi du statu quo, avait fait son œuvre, surtout dans l’habitacle. En effet, le tableau de bord emprunté à la Chrysler 300, une voiture rejoignant un tout autre public, a toujours sonné faux dans la Challenger. Pour 2015, c’est réglé avec l’arrivée d’une nouvelle unité, infiniment plus dynamique. La carrosserie connait des changements moins drastiques mais bienvenus. La grille avant et les feux arrière rappellent la Challenger 1971. Alors que les changements apportés au Charger cette année sont loin de faire l’unanimité, ceux dont profite la Challenger vont passer comme du beurre dans la poêle.

Moteurs d’enfer

Au niveau des moteurs, alors là, bonjour le drastique. Pour ne pas dire bonjour le dragster. Le moteur de base demeure le V6 3,6 litres développant 305 chevaux, comme avant. Si vous voulez mon avis, et même si vous ne le voulez pas, cette écurie est amplement suffisante pour déplacer convenablement les 1 700 et quelques kilos de la voiture tout en maintenant une consommation relativement sobre.

Sauf qu’à style d’enfer, il faut un moteur d’enfer. Le V8 de 5,7 litres Hemi de 375 chevaux et 410 livres-pied de couple amène la Challenger à un autre niveau. L’enfer est pavé de bonnes intentions et le 5,7 en est une. On y retrouve aussi assurément quelques mauvaises intentions. Ça, c’est l’affaire de la SRT avec son 6,1 Hemi qui débauche 485 chevaux et 475 livres-pied livrés aux pneus arrière, lesquels ne demandent qu’à fumer via une transmission automatique à huit rapports ou une manuelle à six rapports. Ces mêmes boîtes se retrouvent aussi avec le 5,7. Avec le 6,1 et l’automatique (le rapport du différentiel n’a pas été dévoilé), Dodge parle d’un 0-60 mph (0-96 km/h) en environ 4,5 secondes.

Tout ça, c’est bien beau, toutefois, ça n’émeut pas les amateurs de Chevrolet qui peuvent compter sur la Camaro ZL-1 de 580 chevaux et sur la Z-28 peut-être moins puissante mais conçue pour la piste. Ni les maniaques de Ford dont la Mustang, en version Shelby GT500, déballait, en 2014, pas moins de 662 purs-sangs. Pour contrer ces assauts, Dodge oppose sa Challenger SRT dotée du moteur Hellcat, un monstre de 6,2 litres surcompressé de plus de 600 chevaux et d’un couple pratiquement aussi élevé. Si un jour je me réincarne, de grâce faites que ça ne soit pas en un Pirelli arrière destiné à un Hellcat! Encore ici, deux transmissions seront offertes, une manuelle à six rapports et une automatique à huit rapports.

Besoin de plus d’intelligence que de testostérone
Un peu comme Ford avec son système MyKey, la SRT Hellcat sera livrée avec deux clés, une rouge et une noire. Cette dernière active le mode Valet et limite plusieurs paramètres pour empêcher un voiturier ou un fils ou une fille ayant plus d’amis que de maturité d’aller à la rencontre du Divin trop rapidement. La clé rouge est réservée aux adultes. En leur souhaitant la maturité nécessaire… Enfin, tout modèle SRT proposera à son pilote quatre niveaux de conduite : Normal, Custom, Sport et Piste. Avec un minimum de 485 chevaux sous le pied droit, le mode piste ne devrait être sélectionné que par des gens possédant une super licence de la FIA. Sur une piste, évidemment.

La production de la Challenger 2015 débutera à l’automne 2014 à l’usine de Brampton en Ontario. En attendant, le « vieux » modèle est encore en vente. Et croyez-moi, il en vaut la peine. Son style est toujours ravageur et ses moteurs toujours tapageurs. Et son habitacle reste terne, malheureusement. Souhaitons à la version 2015 de préserver le confort de l’habitacle mais d’être moins lourde que la précédente.

Peu importe ce qu’en pensent les écologistes, la Challenger était, est et sera un monstre de puissance affamé de carburant fossile. Tout simplement parce qu’il y avait, il y a et il y aura toujours des gens pour qui l’automobile c’est aussi du plaisir à l’état brut.

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