Infiniti QX80 2014: Une histoire de Q

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2014

Décidément, Nissan est un constructeur dont la logique est difficile à suivre! Alors qu’au fil des dernières années sa division Infiniti connaissait un succès croissant avec ses modèles et que le public s’était habitué aux appellations des voitures et VUS de sa gamme, voilà qu’on abandonne tout pour redésigner les modèles par la lettre Q suivie de chiffres pour les berlines, et par le préfixe QX, également avec chiffres, pour les multisegments et VUS... Plus le chiffre est bas, plus la voiture est petite, plus celui-ci est élevé, plus le véhicule est important. Ce n’est pas nécessairement génial, surtout pour la clientèle francophone alors que cette lettre sert à identifier notre province et bien d’autres choses encore... Tant et si bien que si vous affirmez à l’un de vos amis que vous venez de vous acheter une Infiniti Q, mieux vaut vous dépêcher de prononcer le chiffre qui vient après la lettre!

Dans le cas du véhicule qui nous concerne, le QX80, cela ne signifie pas qu’il est propulsé par un moteur 8,0 litres, mais plutôt que c’est le plus imposant physiquement de la famille QX. Mais à part ce changement de dénomination, c’est à peu près la seule transformation que l’on a apportée à ce mastodonte. Selon toutes les rumeurs, une nouvelle mouture ne surviendra pas avant au moins une année, sinon deux.

Pollution visuelle?
Ce modèle, pour différentes raisons, n’est pas très populaire sur nos routes. Les Québécois ne sont pas tellement enthousiastes face à ces gros VUS dont les dimensions encombrantes les rendent pénibles à piloter dans la circulation. De plus, comme ils sont généralement propulsés par un gros et gourmand V8, plusieurs personnes décident de se tourner vers d’autres véhicules pour déplacer famille et bagages. Dans le cas qui nous concerne, il est certain que la silhouette abracadabrante du QX80 ne doit pas être étrangère à sa faible popularité sur notre marché. En effet, tout dans cette silhouette sonne faux. Les proportions sont étranges et l’idée de placer des orifices de ventilation dans les ailes avant n’est pas la meilleure idée du constructeur. De plus, la lunette arrière verticale et arrondie n’est pas extraordinaire… Une qualité? Les roues en alliage dont l’harmonieux dessin, malheureusement, ne s’harmonise pas tellement avec le reste... Un styliste américain et professeur de design rencontré au hasard d’un salon automobile a décrit le QX56 d’alors comme étant une « pollution visuelle ». Et puisque le QX80 lui est en tout point identique, cette description demeure toujours pertinente, du moins à ses yeux.

Mais les gouts et les couleurs ne se discutent pas, et si un comité de sages a accepté le dessin de cette carrosserie, c’est parce qu’il y avait des gens qui aimaient cette silhouette. Heureusement, on s’est repris dans l’habitacle alors que la présentation générale est luxueuse, feutrée même, tandis que la planche de bord est élégante et pratique. Les appliques en bois sont nombreuses et la plupart des commandes sont relativement faciles à activer. Les places avant sont confortables et le support latéral des sièges adéquat pourvu qu’on ne conduise pas ce véhicule comme s’il s’agissait d’une voiture de sport. Les sièges de type capitaine à l’arrière sont plus moelleux que confortables, alors que la troisième rangée est curieusement étroite, même si les dimensions générales du QX80 sont gargantuesques. Soulignons au passage que le seuil des portières est assez élevé, aussi faut-il avoir une certaine agilité pour prendre place à bord.

« Gros char, gros moteur »
Excusez cette expression québécoise, mais elle représente très bien le rapport entre la motorisation et les dimensions de ce véhicule. À ce chapitre, il est intéressant de préciser que le QX80 possède une longueur hors tout supérieure de 169 mm à celle de la Mercedes-Benz GL, le plus gros véhicule produit par le constructeur allemand. Non seulement cette masse n’est pas très aérodynamique, mais le QX80 n’est pas un poids léger alors qu’il fait osciller la balance à 2 656 kg, pratiquement trois tonnes. Pour vaincre l’inertie et fendre l’air, il faut un moteur suffisamment puissant. Ce rôle est dévolu à un gros V8 de 5,6 litres d’une puissance de 400 chevaux assortie de 413 lb-pi de couple. Cette cavalerie est suffisamment musclée pour tracter une remorque d’un poids maximal de 3 855 kg ou 8 498 lb. Avec un temps d’accélération de moins de huit secondes pour le 0-100 km/h, ce moteur est bien adapté au véhicule. Par contre, il y a un prix à payer, et c’est celui du carburant... Au mieux, on peut s’attendre à ce que ce gros assoiffé ne consomme pas plus de 16 litres aux 100 km. Accrochez une remorque, embarquez la famille et je n’ose même pas songer aux chiffres de consommation d’essence!

Malgré ses dimensions et son poids, ce pachyderme se débrouille passablement bien sur la route. Il y a un important roulis en virage et le transfert des masses ne favorise pas une conduite vigoureuse mais, sur la grande route, c’est un vaisseau de luxe traitant aux petits oignons conducteur et occupants.

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