Ford Expedition / Lincoln Navigator 2012: À n’en plus finir
Dans un monde où la plupart des constructeurs, Ford compris, présentent des moteurs de moins en moins gourmands, mais au moins aussi puissants, dans un monde où la chasse au moindre kilo superflu bat son plein, comment se fait-il que l’on retrouve encore des véhicules comme les Ford Expedition et Lincoln Navigator? Parce qu’ils répondent toujours à un besoin.
À un besoin de moins en moins présent, soit, mais il reste encore des personnes qui demandent un véhicule présentant des capacités de charge et de remorquage élevées, en mesure de passer partout et de le faire dans un confort évident. Et c’est exactement ce qu’offre ce duo. Voyons-y de plus près…
Construits sur le châssis de la camionnette F-150, nos deux compères font preuve d’une solidité à toute épreuve. Ce qui tend à prouver qu’ils sont généralement utilisés pour des besoins professionnels ou spécialisés. D’ailleurs, ils sont surtout populaires auprès des entrepreneurs en construction et des familles qui traînent une roulotte. La capacité de remorquage d’environ 9 000 livres (4 082 kilos) est là pour le prouver. Si les besoins en remorquage sont encore plus élevés, on entre dans la catégorie commerciale et Ford possède un catalogue des plus étoffés présentant ce type de véhicules. Toujours en ce qui concerne le remorquage, soulignons que les camions Ford (et Lincoln, bien entendu) possèdent un contrôle de stabilité de remorque qui, de concert avec les systèmes Advance Trac et d’anticapotage, applique les freins sur la ou les roues qui demandent à être ralenties. Pour avoir fait l’essai de ce système sur un Ford Flex, je peux vous assurer que ça fonctionne. Malgré nos efforts pour déstabiliser la remorque chargée, cette dernière et le véhicule se replaçaient dans le droit chemin comme par magie. Il ne faut cependant pas oublier que la physique a des lois qui sont immuables! À noter que les rétroviseurs sont suffisamment grands pour bien voir la remorque qui suit.
Expérience paranormale
Un seul moteur est proposé, soit le sempiternel V8 de 5,4 litres qui ne développe pas une puissance extraordinaire, mais qui se reprend par son couple élevé. On a beau dire ce que l’on voudra, le fait que cette masse de près de 2 700 kilos (environ 6 000 livres) puisse s’arracher à la force d’inertie et atteindre les 100 km/h en moins de 10 secondes tient du paranormal. Cependant, rien de paranormal dans la consommation… Même sans abuser du pied droit, il est difficile de rouler sous la barre des 17 l/100 km. Une remorque derrière le véhicule (ou de la mauvaise volonté, c’est selon) et le 20 l/100 km devient tout à coup à portée de main. Et dites-vous que la transmission automatique, au fonctionnement irréprochable, comporte six rapports. S’il fallait qu’elle n’en compte que cinq, nous n’osons imaginer la consommation moyenne!
Si nos voisins sub-45e parallèle peuvent avoir un Expedition ou un Navigator deux roues motrices seulement, nous n’avons droit qu’au rouage 4x4. De toute façon, la propulsion ne serait pas très populaire ici, même si elle permet de remorquer quelques kilos supplémentaires.
Sur la route, alors qu’on s’attendrait au festival du roulis et du transfert de poids, on a droit à un comportement très civilisé… même s’il faut éviter les montées hormonales! La précision de la direction et le retour d’information qu’elle procure surprennent agréablement, pour un camion s’entend. Les pneus de 20 pouces de la plupart des versions y sont sans doute pour quelque chose. Ils y seront aussi pour quelque chose dans le compte de banque, lorsque viendra le temps de les remplacer…
Gros, vous dites?
On l’a dit, ce duo propose des véhicules très gros. « Immenses » serait un qualificatif plus juste. Mais ces dimensions de stade olympique qui, avec raison, en rebuteraient plusieurs sont une véritable panacée pour d’autres. Et si les versions régulières ne sont pas suffisamment grandes, autant le Ford que le Lincoln sont proposés en version allongée. Alors là, ce n’est plus le stade olympique, c’est le parc au complet! Jusqu’à huit personnes peuvent y prendre place sans jamais se toucher les coudes ou sans que les jambes ou les têtes se sentent le moindrement coincées. Si l’Explorer présente une calandre rappelant les autres produits Ford, le Navigator reste fidèle à sa grille quadrillée et à ses phares pour le moins différents. Sans doute que la calandre corporative Lincoln ne lui siérait pas très bien.
Assez curieusement, alors que les ventes dans le créneau spécialisé du VUS grand format diminuent de plus en plus, la concurrence y est toujours vive. Pour tenter de faire la vie dure à l’Expedition et au Navigator, il y a bien Chevrolet/GMC/Cadillac avec leurs Tahoe, Suburban, Yukon et Escalade. Il ne faudrait pas oublier les Toyota Sequoia et Lexus LX570, ainsi que les Nissan Armada et Infiniti QX56. Mais dans le domaine du « truck », ce sont encore les Américains qui font la loi. Ils connaissent parfaitement ce marché et proposent des produits qui répondent à des besoins précis. Ce n’est pas pour rien que lorsqu’une entreprise indépendante veut transformer un VUS en limousine ou le transformer en véhicule blindé (pour le transport de politiciens, par exemple), elle se tourne toujours vers Ford ou GM.
