Mitsubishi Lancer 2012: Petit oiseau perd des plumes

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2012

C’est fou ce que les choses changent vite. La Mitsubishi Lancer était une des compactes préférées à son lancement, il y a cinq ans. On l’aimait surtout pour ce zeste de sportivité qui n’appartenait auparavant qu’à la Mazda3. Malheureusement, elle a perdu bien des plumes face à la compétition qui s’est affinée.
Première plume qui, selon la rumeur, tomberait sous peu : l’Evo telle qu’on la connaît. Mitsubishi soutient que la performante demeure pour 2012, mais règles d’émissions et variance du marché obligent, attendez-vous bientôt à une Evo de nouvelle philosophie. Toutes les idées sont lancées, entre autres, celle qui veut que le constructeur japonais puiserait à même son porte-folio électrique pour concocter quelque chose d’à la fois sport et vert.

En attendant que ça change (ou pas), peut-on se contenter de la Lancer Ralliart? Presque. Les variantes quatre et cinq portes (sportback) sous la houlette Ralliart reprennent le quatre cylindres de 2,0 litres de l’Evo, mais le turbo est alors simple et non double. Elle offre donc moins de puissance : 237 chevaux au lieu de 291. Ça fait certes une différence dans la vivacité sous le pied droit, mais l’écart le plus marqué réside dans la traction intégrale qui, si elle est d’une belle efficacité pour la Ralliart, ne redistribue pas la puissance de gauche à droite. C’est qu’il fallait justifier les milliers de dollars de plus demandés pour l’Evo, non?

Entre manuelle, automatique et CVT

Pendant qu’on est dans la Ralliart, laissez-nous vous rappeler que sa seule boîte est une automatique à double embrayage, une TwinClutch partagée avec l’Evo. Le passage des six rapports au volant (qu’on aime) répond vite en reprises, mais la boîte met un temps au démarrage à comprendre qu’elle doit s’ébranler. Oh, pas une éternité, juste quelques fractions, mais c’est assez pour qu’on ait envie que ça déménage plus vite.

Ne cherchez pas de manuelle pour la Ralliart. Seule la Lancer « ordinaire » y a droit. Et en fait de boîte manuelle, on a affaire à une cinq vitesses (à quand une sixième?) qui, si elle se passe facilement, n’a pas la précision et la souplesse de celles de Mazda ou Honda. Ne boudez pas trop vite l’optionnelle CVT. D’abord, c’est le choix à faire, côté économie en carburant. Personnellement, je trouve que Mitsubishi est l’un des rares constructeurs à savoir y faire en matière de transmissions à variation continue (avec Subaru). Et ce, surtout lorsque les commandes des six rapports virtuels montent au volant (malheureusement, que pour la Lancer GT).

Plateforme d’Evo oblige, tant les Lancer Ralliart que les Lancer ordinaires sont montées sur des plates-formes aux tendances sportives. C’est ce qui les différencie de la concurrence. Sans surprise, les versions Sportback ont un derrière qui chasse plus que les berlines, à moins qu’on ne les charge. Et on peut certes en faire rentrer, du cargo, avec un max de 1490 litres, banquette rabattue. C’est cependant moins généreux chez la berline versus la concurrence, puisque le coffre n’héberge que 348 litres. Y’a des compactes qui accueillent 20% plus que ça, comme la Chevrolet Cruze. Aussi, les Sportback ont beau être 15 mm plus longues que les berlines Lancer, les dimensions intérieures ne changent pas. Conséquences : les genoux sont serrés à la banquette. Et sachez que la berline Lancer de base refuse toujours qu’on rabatte sa banquette. C’est impardonnable, à une époque où l’on compte sur les doigts d’une seule main les voitures qui souffrent de pareille obstination.

L’atout

Mais au moins, on retrouve le plus grand atout de la Lancer, toutes versions confondues : sa tenue de route, à la fois solide et sportive. Plus on débourse et plus on a droit à une suspension (multibras à l’arrière) ferme, rehaussée de barres stabilisatrices de plus grand diamètre. Cette version est appelée à se dandiner sur notre cher réseau routier, mais c’est le prix à payer pour que ça colle au bitume (ça, et des roues de 18 pouces). Aussi, la direction est d’une incroyable précision et la voiture se place exactement là où on l’enligne, dans un bel équilibre de châssis. Certes, on prendrait davantage que les 148 chevaux du quatre cylindres de base (2,0 litres). Ils sont dans la bonne moyenne de la catégorie, mais ils sont produits dans une superficialité d’accélérations qui nous fait désirer plus de profondeur. Malheureusement, pour résoudre ce problème, il n’y a plus les GTS avec moteur de 2,4 litres pour 168 chevaux : ces variantes ont disparu au cours de la dernière année. Il faut donc se rabattre sur l’Evo ou, si le portefeuille se braque, sur la Ralliart qui délie de belle façon ses 237 chevaux. Sachez que c’est cependant une trentaine de moins que pour les Subaru WRX et MazdaSpeed3.

Un dernier point : l’habitacle de la Lancer commence à dater. Les commandes sont simplistes et les revêtements ont perdu au change des nouveaux plastiques qu’amène la concurrence. Sinon, ce qui reste et qu’on aime encore, c’est cette allure européenne aux flancs découpés, amorcée d’une calandre en nez de requin qui, avouons, vieillit bien. Et enfin, on aime cette garantie de 10 ans/160 000 km sur le groupe motopropulseur, sauf sur les Ralliart et Evo. Ne vous demandez pas pourquoi…

Partager sur Facebook

À lire aussi

Et encore plus

En collaboration avec nos partenaires