Lexus IS 2012: Virtuoses en quête d’inspiration

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2012

Lexus a consacré des masses de matière grise et de yens au développement de la deuxième génération de sa série IS, surtout pour qu’elle égale la référence incontestée de sa catégorie : la Série 3 de BMW. Svelte, raffinée et puissante, l’aspirante s’est rapprochée de la cible sans toutefois l’atteindre. La berline IS F a tiré une salve encore plus forte avec son V8 de 416 chevaux trois ans plus tard. Elle a impressionné et marqué des points, mais la forteresse allemande a résisté encore une fois. Au fil des années, des versions décapotables et d’autres à rouage intégral sont apparues, mais la famille IS marque le pas alors que la concurrence force le rythme. À quand le prochain bond vers l’avant ?
Ce ne sont certes pas les moyens qui manquent chez Lexus. La marque de prestige du groupe Toyota l’a démontré avec éclat avec la première LS qui a transformé à jamais le marché du luxe automobile, il y a plus de vingt ans, en établissant de nouvelles normes de qualité, de raffinement et de fiabilité. Or, l’automobile n’est pas une science exacte, mais plutôt un art mystérieux où la technique n’est qu’un des ingrédients essentiels. Et les bolées de chez Lexus n’ont pas encore percé les secrets des sorciers de Munich, alors que leurs concurrents d’Ingolstadt et de Munich s’en rapprochent. Même Cadillac avec ses CTS.

Une aspirante douée

Tous les espoirs étaient pourtant permis à la berline IS actuelle lorsqu’elle est apparue en 2006. Elle était belle, racée, puissante, superbement finie et plus spacieuse que sa devancière, dont c’était la principale lacune. Avec son V6 de 3,5 litres et ses 306 chevaux, cette nouvelle IS 350 bouclait le 0-100 km/h en 5,74 secondes. Elle était agile, équilibrée et précise, même sur un circuit, comme nous avions pu le vérifier au premier contact lors des essais annuels de l’AJAC cette année-là.

En conduisant aussitôt après la BMW 330i qui allait ravir à la Japonaise le titre de berline sportive de l’année, on pouvait toutefois mesurer l’écart qui séparait encore les deux, au-delà des chiffres et des points. Et pas seulement parce que l’Allemande était dotée d’une des excellentes boîtes manuelles de BMW et la IS 350 d’une automatique à 6 rapports, qui n’était pas de la plus grande vivacité. La différence était dans l’intangible, dans la fluidité de la conduite et dans les sensations, autant celles qui filtraient par le volant que par les réflexes nets de la suspension, la sonorité ravissante du six cylindres en ligne, sa souplesse et ses reprises instantanées. Même nombre de cylindres et même gabarit à peu de chose près, pour un résultat très différent.

Victoire sans suite

La joute a repris trois ans plus tard, dans le même contexte, cette fois avec la IS F, version mutante et profondément transformée de cette même berline. Loin de pâlir de la comparaison directe avec la BMW M3 et la Mercedes-Benz C 63 AMG, la IS F s’était bien défendue au point de décrocher la palme chez les voitures de sport et performance de plus de 50 000 $. Elle avait coiffé la C 63 par un seul point, grâce à un avantage de quelques milliers de dollars pour le prix, mais également grâce à la meilleure cote de consommation du groupe. La M3 était plus cher de 20 000 $.

Malgré les excellentes performances (0-100 km/h en 5,17 secondes) d’un V8 dont la sonorité se métamorphose en concert rock à 3 600 tr/min, une tenue de route solide et les vertus habituelles d’une Lexus, la IS F ne s’est pas imposée. Ce serait peut-être différent si Lexus l’équipait enfin d’une boîte manuelle ou alors d’une boîte à double embrayage automatisé qui permettrait au V8 d’exprimer sa fougue avec encore plus de vigueur et d’aiguiser le contrôle de l’accélérateur sur la tenue de route en conduite sportive et sur les circuits.

En roue libre

Les IS sont des voitures réussies, agréables et raffinées, qui ne semblent pas trouver leur public, malgré la réputation de la marque. Le volant sport à trois rayons, gainé de cuir, est superbe et le poste de commande taillé autour du conducteur. Le sillon en zigzag du sélecteur de vitesses est par contre inutile, avec un mode manuel et des manettes au volant. Toutes sont à l’aise et impeccablement maniables en conduite urbaine, grâce à un diamètre de braquage exceptionnel. Sur l’autoroute, elles affichent un excellent silence de roulement et se révèlent stables et solides en tenue de cap, sauf pour une sensibilité occasionnelle aux vents obliques.

Lexus continue de les mettre à jour, pour la forme sans doute, parce que le cœur ne semble pas tellement y être. La plus récente variation est la berline IS 350 AWD à rouage intégral, lancée l’an dernier. Compétente elle aussi, entre autres sur des chaussées enneigées où elle se conduit et se contrôle à l’accélérateur, comme il se doit. Son V6 jadis brillant traîne cependant un peu la patte maintenant, devancé en puissance, en souplesse et en frugalité par plusieurs des nouveaux moteurs à injection directe de la concurrence. Vivement la prochaine génération et le bond en avant qu’on est en droit d’attendre de ce géant surdoué.

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