Honda Civic 2012: Maudite sagesse!

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2012

Lorsqu'une voiture se vend très bien, un dilemme vient toujours à se poser pour les décideurs. Pas facile d’effectuer les changements qui s'imposent tout en conservant les éléments qui sont responsables d’une si grande popularité. C'est justement le cas de la nouvelle Honda Civic. Quand une voiture peut se targuer d’être la plus vendue au Canada depuis plus d'une décennie, on marche sur des œufs lorsque vient le temps de la transformer.
Lors de la refonte de la Civic, stylistes et ingénieurs ont décidé de jouer la carte de la sagesse. La nouvelle édition proposée pour 2012 est davantage un modèle évolutif qu’une version révolutionnaire. Cette approche a poussé bien des chroniqueurs automobiles à reprocher à Honda son manque d'audace. La majorité d’entre eux croyait que les ingénieurs allaient concocter une Civic presque entièrement revue. Croyez-moi, ils sont restés sur leur appétit. L’audace a ici été largement supplantée par la prudence.

Regardez l’arrière

La nouvelle Civic est une voiture dont la silhouette est évolutive, sans plus. En fait, les parties avant de la nouvelle et de l'ancienne génération sont très similaires. Pour les démarquer l'une de l'autre, il faut se diriger vers la section arrière, nettement plus modifiée. En effet, les feux ne débordent plus sur le couvercle du coffre, mais constituent une entité verticale qui se limite à l'aile de la voiture. Le coffre a également été retouché. On y a ajouté un petit déflecteur intégré pour favoriser une meilleure pénétration dans l'air.

Parmi les autres modifications à la carrosserie, il faut souligner un pare-brise fortement incliné vers l'arrière. Cette solution technique est louable, mais elle a des répercussions sur l'agencement du capot et dans l'habitacle. En effet, on a abaissé la partie avant de ce pare-brise ce qui crée une bonne dénivellation entre le rebord arrière du capot et le pare-brise. Ce n'est pas vraiment désagréable à l'œil, mais on peut s'interroger sur ce qui va arriver l'hiver avec les dépôts de neige et de glace.

Sans doute pour ce qu’on imagine être des raisons d'aérodynamique et pour ne pas non plus grever les budgets, toutes les voitures, qu’il s’agisse du coupé ou de la berline, se partagent la même silhouette. Seuls les roues et quelques écussons nous permettent de les distinguer. Soulignons en terminant que la qualité de finition et de fabrication de la caisse demeure à la hauteur de la réputation de ce constructeur.

Pratique mais sans élégance

L’une des caractéristiques uniques de la précédente génération de la Civic était son tableau de bord à affichage superposé. C'était pratique, relativement audacieux et au fil des années, les gens avaient fini par apprécier cette configuration. Cette fois, on a décidé de poursuivre dans cette veine, mais en offrant davantage d'informations au pilote. Pour ce faire, on a allongé l’espace d'affichage supérieur qui est maintenant de forme rectangulaire en plus d’être passablement long. On y a regroupé tous les cadrans importants et les écrans d'information. Ceux-ci sont à affichage multiple et sont gérés par un bouton placé sur le volant. C'est peu esthétique, mais très pratique, en théorie. Malheureusement, ces cadrans sont difficiles à lire lorsque les rayons du soleil atteignent cet espace d'information.

Il y a donc, en premier lieu, cette présentation quelque peu anachronique. Mais la longueur du tableau de bord est un autre élément qui surprend. Assis aux places avant, on a l'impression que celui-ci mesure au moins 1 m de long (j’exagère, mais vous comprenez…). Je ne connais pas la mesure exacte, mais croyez-moi, c'est vraiment long. Et la raison de cette disposition est très simple : il a été allongé en raison du pare-brise fortement incliné. Si on n'avait pas donné cet espace vital, les occupants des places avant se seraient heurté la tête sur le pare-brise. En définitive, les sièges avant sont en retrait et on a dû allonger le pare-brise. Mais la grande surprise – et la déception majeure –, c’est la texture et la qualité plutôt médiocre des plastiques utilisés autant pour la planche de bord que pour la portière. Le plastique choisi est non seulement ultra dur, mais sa texture semble bon marché.

Mais tout n'est pas négatif, au contraire. Sur une note pratique, l'ergonomie des commandes est excellente tandis que l’écran d'affichage du système de navigation optionnel est sans reproche. La position de conduite est également bonne. Il est aussi important de souligner que les occupants des places arrière bénéficient de 40 mm de plus d'espace pour les jambes, ce qui s’avère quand même impressionnant, compte tenu du fait que l’empattement a été raccourci de 30 mm et que la longueur hors tout du véhicule est demeurée identique.

Un trio de moteurs

Comme sur la version précédente, les acheteurs peuvent choisir entre trois motorisations. Il y a le moteur des modèles réguliers, celui des versions plus sportives et finalement la motorisation hybride. Dans l'ensemble, ces mécaniques sont plus raffinées par rapport aux versions précédentes plutôt que modifiées. Il est difficile de s'en plaindre d’une quelconque manière puisqu’on avait déjà peu de choses à leur reprocher.

Avant de parler du moteur hybride, il est important de préciser que Honda est le seul constructeur à proposer ce genre de motorisation chez les compactes. De plus, il était fort important pour la compagnie de conserver un prix de vente très compétitif pour cette version. C'est sans doute ce qui explique pourquoi les ingénieurs de Honda sont demeurés fidèles au système IMA, qui consiste en un petit moteur électrique installé entre la transmission et le moteur thermique. Cette technologie donne de bons résultats, même si elle est moins sophistiquée que ce que la concurrence propose. On a toutefois innové en adoptant des accumulateurs ion-lithium afin de pouvoir compter sur plus de puissance et un poids réduit. Le moteur électrique a vu sa puissance portée de 15 à 20 kW. En plus, la transmission à rapports continuellement variables a été raffinée, tout comme le système de climatisation et les freins régénérateurs d'énergie. Cela permet à Honda de promettre une consommation de 4,4 litres aux 100 km en ville et de 4,2 sur la grande route.

Pour ce qui est des moteurs plus classiques, la Civic toujours est propulsée par un quatre cylindres de 1,8 litre qui produit encore la même puissance, soit 140 chevaux. Mais plusieurs améliorations internes permettent d'obtenir une consommation de carburant réduite de l'ordre de 12%, qu’on se doit de souligner.

Par ailleurs, la berline et le coupé Si sont propulsés par un moteur 2,4 litres produisant 201 chevaux, un gain de quatre chevaux par rapport à la version précédente. Pour accentuer davantage le caractère sportif de ce modèle, seule la transmission manuelle à six rapports est disponible. En plus, les Si sont dotées de déflecteurs avant et arrière qui lui sont exclusifs, tout comme les jantes en alliage dont le nouveau design est fort intéressant.

Bonne routière

Comme on n’a pas voulu modifier une combinaison gagnante chez Honda, ces nouvelles Civic conservent également leurs qualités routières. Sa caisse plus rigide, sa suspension améliorée et une tenue de route supérieure à la moyenne de la catégorie sont autant d'éléments qui la démarquent. Le moteur 1,8 litre est nerveux et les accélérations sont quand même agressives. Sur l’autoroute, la tenue de route est bonne, la direction précise mais l’insonorisation demeure cependant perfectible. La version hybride n'est pas spectaculaire, mais si on prend la peine de conduire de façon écologique, on peut facilement circuler avec une moyenne réelle de 5,0 litres aux 100 km, soit juste un peu plus que ce que le constructeur nous promet.

En conclusion, même si plusieurs seront déçus par la trop grande sagesse que démontre Honda pour sa Civic, et ce, tant au chapitre de la mécanique que de l'esthétique, les gens devraient continuer d’acheter en grand nombre cette petite nipponne assemblée au Canada.

Partager sur Facebook

À lire aussi

Et encore plus

En collaboration avec nos partenaires