Pour l'Halloween, on se promène en corbillard!

Chaque Halloween, les gens s’ingénient à réinventer le lugubre. Quoi de mieux, nous sommes-nous dit à www.guideautoweb.com, que de repousser les limites et de faire l’essai d’un corbillard.

Nous nous sommes donc rendus à Farnham où nous avons pu réaliser notre rêve, grâce à la complicité du salon funéraire Désourdy, qui nous a prêté un véhicule, et de Charles Jodoin de la Résidence funéraire G. Jodoin qui a des salons à Marieville, St-Damase et Ste-Madeleine.

Il faut tout d’abord savoir qu’un corbillard, malgré tout l’apparat qui l’accompagne et le respect qu’il impose, est un véhicule qui n’a rien de paranormal. Dans le cas présent, il s’agit d’un Cadillac DTS 2007 transformé par l’entreprise Superior Coaches basée en Ohio. Plusieurs entreprises, américaines surtout, se spécialisent dans la transformation de Cadillac ou de Lincoln (même si on voit de moins en moins de ces dernières, du moins au Québec) en corbillards. En Europe, on retrouve plus de marques, Mercedes-Benz étant l’une des plus populaires. Mais revenons chez nous... Les véhicules sont ensuite vendus à des distributeurs (par exemple, Douglas Distributors, basée en Ontario) qui les revendent à des maisons funéraires.

Contrairement à ce que croient sans doute bien des gens, ce ne sont pas toutes les maisons funéraires qui possèdent leur corbillard. Par exemple, celui que nous avons essayé appartient au salon funéraire Désourdy qui le loue à la Résidence funéraire G. Jodoin. Les gens de chez Jodoin n’ont qu’à placer leurs plaques dans les portes latérales à la place de celles de Désourdy et le tour est joué.

Une facture parfaite pour causer une crise cardiaque

Un corbillard, ça coûte un bras — une expression de circonstance à l’Halloween! Alors qu’un Cadillac DTS 2007 coûte environ 55 000$, la transformation en véhicule funéraire double la facture. Il faut donc qu’il roule beaucoup pour amortir les coûts. Sauf qu’un corbillard, ça ne roule pas beaucoup. Ceux qui sont utilisés en milieu urbain ne parcourent souvent pas plus de 10 000 km/an et ça, c’est quand plusieurs maisons funéraires l’utilisent. C’est donc dire que les intervalles d’entretien sont courtes et que le coût au kilomètre est très élevé. Si le corbillard est utilisé en région, il parcourt plus de chemin, ce qui le rend moins coûteux à entretenir.

La valeur de revente d’un tel véhicule est plutôt faible. Par exemple, notre Cadillac 2007, payée plus de 100 000$ en 2007, ne vaut aujourd’hui qu’aux alentours de 25 000$. Après sa carrière, un corbillard est souvent revendu à une petite entreprise funéraire qui n’a pas les moyens d’en avoir un neuf. Vous vous imaginez, comme moi, qu’une maison funéraire pourrait garder un corbillard pendant 20 ans, le style n’évoluant pas très rapidement? Erreur. Le corbillard fait partie d’un cortège dans lequel suivent une limousine ou une berline avec la famille éplorée et un landau de fleurs. Lorsqu’un de ces véhicules est changé pour un nouveau, son style différent des autres vient rompre l’harmonie. On en profite donc souvent pour moderniser la flotte.

Un corbillard, on l’a vu, c’est dispendieux. Les modifications au véhicule régulier sont nombreuses. Le châssis est allongé et renforcé, le toit est remplacé par un autre plus élevé. Évidemment, la partie arrière de la carrosserie est toute nouvelle. Ensuite, viennent les options, incroyablement nombreuses. De la partition entre l’habitacle et la partie arrière jusqu’au type de plate-forme sur laquelle le cercueil reposera en passant par les innombrables éléments décoratifs, le type de fenêtres latérales à l’arrière et les deux batteries, tout peut être modifié ou adapté et les tissus, les cuirs et les appliques de bois peuvent être choisis parmi une impressionnante variétés, autant de couleurs que de qualité.

Finalement, c’est le mort qui est le mieux servi

La section réservée au cercueil est celle qui fait le plus l’objet d’attentions. Deux types de plates-formes sont proposées, celle sur laquelle roule le cercueil, comme dans « notre » corbillard ou télescopique (qui sort d’environ 25 cm) pour permettre aux gens de se recueillir sur la nouvelle maison de l’être cher sans devoir se pencher dans le véhicule. Dans ce cas, la plate-forme peut même être motorisée! Au niveau des couleurs extérieures, on devine qu’on évite le rouge pétant, le jaune soleil ou le vert pomme. Le noir, le gris, le blanc et le bleu marine sont privilégiés.

Dans l’habitacle, le levier de la transmission passe de la console à la colonne de direction, question de dégager un important espace de rangement entre les deux sièges. Oh, en passant, si jamais un directeur funéraire vous invite à prendre place dans le troisième siège, soyez plus allumé que l’auteur de ces lignes… Car il n’y a que deux sièges dans un corbillard…

Tu es poussière et tu retourneras poussière…

Les temps changent et l’industrie funéraire doit s’adapter. Par exemple, l’incinération est de plus en plus populaire. Aujourd’hui, environ 30% des cortèges funèbres transportent des urnes plutôt que des cercueils. Dans ce cas, une table, surmontée d’une cloche de verre dans laquelle est déposée l’urne, est déposée sur la plate-forme du corbillard. Sinon, on peut déposer la cloche de verre sur un landau de fleurs, à l’endroit où, justement, on placerait les fleurs. Autre solution peu coûteuse, le siège du passager d’un des véhicules! Et puis, il y a la question des fleurs, de moins en moins populaires. Les landaus sont probablement appelés à disparaître un de ces jours.

Tout  ça, c’est bien beau, mais comment ça va, un corbillard? Nous avons demandé à un professionnel du milieu, Charles Jodoin, thanatologue. « « Ben… ça se conduit comme n’importe quelle voiture! Sauf qu’on sent que la partie arrière est beaucoup plus lourde que la moyenne. » La suspension pneumatique n’est pas superflue quand on sait qu’un cercueil et son occupant pèsent facilement entre 180 et 225 kilos (400 et 500 livres), mais le conducteur doit quand même toujours tenir compte de ce poids supplémentaire. L’autre point marquant est le rayon de braquage, tellement grand que seule une locomotive du CN pourrait l’envier.

Pour le reste, on a affaire à une Cadillac DTS tout à fait normale. La direction est passablement déconnectée et plus ou moins précise, les suspensions sont confortables, tout comme les sièges. Le V8 Northstar de 4,6 litres développe pas moins de 295 chevaux et 268 livres-pied de couple. Une transmission automatique à quatre rapports expédie la cavalerie aux roues avant.

Le respect est encore de mise…

Pas besoin d’avoir fait des études universitaires pour savoir qu’avec le désintérêt des gens pour la religion, la mort n’a plus la même signification. Si un corbillard fait toujours tourner les têtes, il impose moins le respect qu’avant. Charles nous confiait que plusieurs automobilistes n’hésitent pas à « couper » un corbillard pour ne pas être pris derrière le cortège ou s’insèrent entre les voitures funéraires. Il s’agit d’un manque flagrant de respect envers les gens qui sont endeuillés. Malheureusement, ceci arrive de façon de plus en plus fréquente, surtout dans les grandes villes.

Funéraire, mais vivant!

L’industrie funèbre est en pleine mutation avec les crémations plus nombreuses et les différentes religions et croyances qui prennent de plus en plus de place. Mais quand la relève a 26 ans et possède une Subaru WRX 2011 dont l’échappement a été modifié, elle semble plus vivante que jamais! Merci à Charles Jodoin et au salon funéraire Désourdy de Farnham!

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