Guide Auto: L'ABC du parfait essai routier

Inlassablement, vous visitez les concessionnaires afin de trouver LA bagnole qui vous rendra de fiers services au cours des prochaines années. Vous jetez un coup d'oeil dans les habitacles, vous soulevez des capots, vous discutez chiffres. Oui, mais… l’essai routier, lui?

Vous êtes trop timide pour solliciter un essai routier? Ou c’est que vous le voyez comme une perte de temps, pour vous comme pour le représentant? Tut-tut-tut : acheter un véhicule sans en faire l’essai, c’est comme se brosser les dents sans se passer la soie dentaire. Et vous risquez de vous en mordre les doigts.

Un essai routier chez le concessionnaire ne consiste pas qu’en une petite virée sans prétention. Bien au contraire, il faut y mettre du vôtre, car comme le dit l’adage, les premières impressions sont toujours les bonnes.

Épreuve des sens

Parole de journaliste automobile qui pratique ce métier depuis plus de dix ans maintenant : les premiers instants passés derrière le volant d’un véhicule sont ceux qui parlent le plus. Encore faut-il être à l’écoute.

C’est pourquoi, le temps d’un essai, je vous suggère de vous glisser dans la peau d’un chroniqueur automobile. Tendez l’oreille, ouvrez l’œil, flairez. Munissez-vous d’un carnet de notes dans lequel vous y consignerez vos impressions, bonnes ou mauvaises (à l’arrêt, la prise de notes, bien sûr, pas en conduisant!).

Avant de démarrer, prenez le temps de bien vous installer derrière le volant. Que ressentez-vous dans cet habitacle? Êtes-vous à l’aise ou à l’étroit? Ce volant télescopique (l’est-il, d’ailleurs?) s’étire-t-il suffisamment pour vos longs bras? Les pédales sont-elles accessibles pour vos courtes jambes? Si, une fois en route, vous malmenez continuellement l’ajustement du siège sans pour autant trouver une position de conduite confortable, ça voudra dire qu’il vous faudra peut-être regarder ailleurs.

Toujours avant de prendre la route, examinez bien votre environnement. Les commandes se manient-elles de façon intuitive ou, même après plusieurs minutes, vous vous trompez toujours entre le levier du régulateur de vitesse et celui des clignotants (si c’est le cas, c’est que vous êtes sans doute au volant d’une Mercedes…)?

Et encore, est-ce que le levier de transmission tombe sous la main? Est-ce que les rangements sont généreux? Votre cellulaire trouve-t-il à se caser? Touchez les plastiques de revêtement : sont-ils agréables au bout des doigts ou vous irritent-ils par leur dureté? La finition vous semble-t-elle de qualité ou l’assemblage montre des interstices inégaux?

Contrôler la radio ou apprivoiser le système de navigation se fait-il aisément ou exige-t-il que vous consultiez le manuel du propriétaire? La vision tout autour est-elle bonne ou d’affreux angles morts latéraux se dessinent? Pouvez-vous bien voir où se trouvent les quatre coins du véhicule ou vous faut-il stationner « au son »?

La voiture : comme une chaussure

Vous trouvez qu’on exagère dans les détails? Au contraire, il n’y a pas de magie : tous ces petits défauts qui vous agacent ne se régleront pas au fil du temps.

« Une voiture, c’est comme une chaussure », dira d’ailleurs Mike Quincy, grand responsable du contenu automobile pour la revue américaine Consumer Report. « Si ça ne convient pas, n’insistez pas : passez à un autre modèle. »

Mais vous l’aaaaiiiimmez, cette bagnole? Dites-vous qu’en moyenne, les Québécois conservent leur véhicule pendant un peu plus de sept ans. Ce bolide, qui vous a fait au départ craquer, pourrait bien devenir un enfer roulant au fur et à mesure que d’autres défauts feront surface.

En ville et sur l’autoroute

Un bon essai routier demande à ce que l’on roule en milieu urbain, mais également sur une portion d’autoroute. Voilà autant de situations qui vous permettront de tester les organes mécaniques aussi bien que le comportement routier.

Ainsi, est-ce que la puissance vous paraît suffisante ou est-ce que les dépassements de 80 à 100 km/h s’effectuent laborieusement? Les accélérations rapides vous semblent-elles linéaires ou ressentez-vous plutôt de l’effet de couple dans le volant?

La boîte de transmission se passe-t-elle sans heurt ou se montre-t-elle paresseuse? La direction transmet-elle bien les sensations de la route ou avez-vous davantage l’impression de piloter dans le flou? En stationnement, est-ce que le rayon de braquage est court ou disproportionné?

Empruntez un virage serré à bonne vitesse et voyez si la voiture maintient le cap. En freinage, est-ce que la réaction est immédiate et la pédale, de bonne réactivité? Les systèmes de sécurité travaillent-ils discrètement ou viennent-ils briser votre élan?

N’hésitez pas à rouler sur des cahots, pour ensuite noter si la suspension est trop ferme ou trop molle à votre goût. Profitez-en pour analyser l’insonorisation : pouvez-vous mener une conversation normale avec la personne qui se trouve à vos côtés ou devez-vous élever la voix de façon démesurée?

Le véhicule dont vous faites l’essai propose l’ordinateur de bord? Voilà qui est une bonne affaire : pensez à mettre les compteurs à zéro au démarrage et, une fois l’expérience de conduite terminée, notez quelle moyenne de consommation en carburant y est enregistrée. Voilà qui vous donnera un bon indicateur de la frugalité – ou de la gourmandise – du véhicule.

Le même jour

Parole de journaliste automobile : mieux vaut tester les deux ou trois véhicules qui vous interpellent au cours d’une seule et même journée. Et sur le même parcours, de préférence.

Pour nous, chroniqueurs automobiles, nos impressions les plus poussées, nous les obtenons lors de matchs comparatifs mettant en vedette plusieurs véhicules de même catégorie, que nous essayons simultanément. Non seulement les conditions routières se ressemblent d’un essai à l’autre, mais notre propre état d’esprit devrait – aussi – se ressembler d’un volant à l’autre.

Et nous découvrons alors que : « Tiens, cette voiture-ci est plus bruyante, mais celle-là paraît plus spacieuse. » Ou encore : « La vision dans celle-ci est bien meilleure, mais les commandes dans celles-là sont nettement plus intuitives. »

Bref, essayer une voiture, c’est bien beau. Mais en essayer plusieurs, c’est encore mieux.

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