Chrysler Sebring 2011: On lui dit merci et adieu

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2011

Une des voitures les plus mal aimées de la planète s’apprête à tirer sa révérence pour de bon. L’aventure Sebring, amorcée en 1995 sous les traits d’un superbe coupé, en duo avec la non moins jolie Dodge Avenger, se termine donc dans l’anonymat le plus complet. Bien des raisons expliquent ce désintérêt du public. Une fiabilité tout juste correcte à ses débuts, un assemblage bâclé et un décalage entre les lignes prometteuses de sportivité et le comportement routier plutôt axé sur le confort ont joué pour beaucoup. D’un autre côté, sa valeur de revente, faible au mieux, conséquence du marché des voitures d’occasion saturé par les retours des agences de location à court terme, n’a pas aidé sa cause.

Pourtant, plusieurs propriétaires rencontrés au fil des ans ont toujours semblé très satisfaits de leur Sebring et ne songeaient pas à la changer. Il faut dire que la voiture possède aussi de belles qualités qui compensent allègrement. Quoiqu’il en soit, le temps est venu pour Chrysler de passer à autre chose.

Sur la remplaçante de la Sebring, nous en savons vraiment très peu. Il est cependant pratiquement assuré que lorsqu’elle sera présentée à la presse spécialisée quelque part vers la fin de 2010, elle changera de nom, faisant table rase du passé. Selon certains sites internet cautionnés par Chrysler, le futur modèle pourrait reprendre les lignes de la superbe Chrysler 200C, vue au Salon de l’auto de Detroit en janvier 2009. On se souviendra que ce concept annonçait une motorisation électrique prometteuse. Une promesse d’ivrogne, semble-t-il ! Les dimensions demeureraient très près de celles de la voiture actuelle, mais le châssis, provenant de chez Fiat, le nouveau propriétaire de Chrysler, serait inédit. Mécaniquement, on parle du V6 de 3,6 litres Pentastar qui officie déjà avec brio dans le nouveau Jeep Grand Cherokee et qui, je le sens, sera utilisé à toutes les sauces chez le groupe Chrysler. La rumeur parle aussi d’un quatre cylindres de conception très moderne. Pourquoi pas le nouveau Multiair de Fiat ? Quant à la transmission, le double embrayage serait de mise, toujours selon la même rumeur.

Occupons-nous d’abord du présent

Mais depuis le début de cet essai, nous ne parlons que du futur. Entretenons-nous du présent plutôt ! La Sebring continuera donc d’être vendue, sans aucun doute sous le millésime 2010 jusqu’à son remplacement. Pour l’instant, elle se décline en versions berline et cabriolet. Si plusieurs craquent pour les lignes de la Sebring, il ne faut toutefois pas être trop difficile quant à la finition et à la qualité des matériaux, même dans les versions plus cossues qui amènent un peu plus de chrome et de boiseries. L’habitacle serait confortable si ce n’était de ces sièges avant qui m’horripilent. Mais ça c’est moi. Je crois même que ceux à l’arrière sont plus douillets ! Contre toute attente (ou logique), le cabriolet présente deux toits rétractables, un en toile et l’autre, rigide. Ce dernier est l’apanage de la version Limited.

Autant pour la berline que pour le cabriolet, trois moteurs sont proposés. Le quatre cylindres de 2,4 litres fait preuve d’une désolante incapacité et son impopularité est tout à fait compréhensible. Le V6 de 2,7 litres est beaucoup mieux adapté au caractère placide de la voiture. Loin de faire de la Sebring une Viper quatre portes, il a au moins la décence d’offrir des performances correctes tout en consommant avec modération. Quant au V6 de 3,5 litres, il s’avère certes beaucoup plus enjoué, mais malgré les six rapports de la boîte automatique, sa consommation d’essence en conduite urbaine a tôt fait de décourager les accélérations agressives.

Elle aime les grands espaces

La Sebring est davantage une boulevardière qu’une dévoreuse d’autoroutes. En raison du débattement un peu trop grand de ses suspensions, la voiture produit inévitablement du roulis dans les courbes. De plus, la direction est très légère, ce qui empêche de la placer de façon très précise. Le châssis est très rigide dans la berline et rigide dans le cabriolet, sans plus. Mais le plus grand problème de la Sebring demeure sans doute sa faible valeur de revente. Alors, imaginez dans quatre ou cinq ans, quand la production de ce modèle aura cessé depuis belle lurette.

L’an prochain, la section consacrée aux produits du groupe Chrysler (Chrysler, Dodge, Jeep et, pourquoi pas Fiat) devrait être passablement différente de celle de cette année. Pour se sortir du pétrin, et pour en sortir son sauveur italien, Chrysler est obligé de présenter des modèles que les gens veulent acheter. Il ne faut pas oublier que si les ventes de Chrysler vont si bien au Canada depuis quelques mois (du moins au moment d’écrire ces lignes, un superbe samedi soir de juillet 2010 alors qu’épouse et enfants profitent de la vie), c’est, en grande partie, grâce aux incitatifs très généreux. Souhaitons au troisième constructeur américain de pouvoir enfin renouer avec le succès légitime. La future Sebring, quel que soit son nom, pourrait très bien y contribuer.

Feu vert

Design toujours d’actualité
Toit du cabriolet réussi
Prix correct
Moteur de 2,7 litres bien
adapté

Feu rouge

Modèle en fin de carrière
Faible valeur de revente
Finition décevante
Sièges plus ou moins
confortables
Moteur de 2,4 litres à oublier

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